Autriche

ALKO : Pinot Noir Fuchsenfeld 2010 by Pittnauer (Austria, Burgenland)


Producer: Gerhard und Birgitte Pittnauer

Wine: Pinot Noir Fuchsenfeld

Vintage: 2010

Grapes: Pinot Noir

Origin: Austria, Burgenland

Price range: 20-30€ (Finland, Alko) – 20,50€ in January 2014

Available at Alko: Yes (01/14), 452237

Pittnauer is one of the good producer of northern Burgenland. It is one of the 9 winemaker based in Gols that produce the locally famous PANNOBILE, a high quality blend of Blaufränkisch and Zweigelt developed to promote the Red wines of the region. You can find more information over here.

Pittnauer’s style is rather on the modern side (in a positive way), with nice deep extraction, soft tannins and a clever use of oak. No use of modern artefact, though, for this Biodynamic estate. No surprises about the Pinot Noir Fuchsenfeld: it is a well made, juicy and powerful Pinot! At this point I will tell you a bit about the region and the vintage. Burgenland is a very warm place in summer. The climate is close to a Mediterranean one because of the influence of the Danube. The autumn is also pretty warm but often humid in the morning, thanks to the Neusiedlersee. It is wonderful for botrytis and thus explain the long tradition of Ausbruch (in Rust) or TBA. This being considered, it is a very big challenge to produce quality Pinot Noir. This grape doesn’t like warmth at all and it is very prone to every kind of disease, especially rot provoked by Botrytis Cinerea. This leads to two conclusion: first, a good vintage for sweet wines like Ausbruch is a bad vintage for Pinot Noir ; second, a cold vintage (bad for the red wines) is good for the Pinot Noir. Example: 2010 is a very bad year for red wines from Burgenland. The ripeness was low or even bad. The summer was cold, the autumn was wet. This led to catastrophic red in some parts of Burgenland, Kollwentz, one of the top estate, has not produced any single vineyard wines… but this was great for Pinot Noir. No problem with ripening, preservation of typical aromas, great balance… Every single Pinot from 2010 I have tasted were on the top : Dürr by Kollwentz, Blauburgunder  by Triebaumer, Unter den Terrassen by Umathum, Pinot Noir Réserve by Alphart… This one is no exception.

The nose is intense, with a lot of berries and a hint of oakiness (as I said, a very clever use of oak). It is a deep, dense nose. Still very young. On find also a hint of pepper. The palate give the same impression with a nice spiciness in the finish, a long finish. The structure is quite powerful, soft acidity and soft tannins. It is a very good wine in the making and still very young. I expect it to be at its best in around 3 years.

Wineops’ rating: 82/100 ; + 5

Pittnauer, Pinot Noir Fuchsenfeld 2010 (Austria, Burgenland)

Pittnauer, Pinot Noir Fuchsenfeld 2010 (Austria, Burgenland)

Une visite, Weingut Kollwentz (Autriche, Burgenland)


Weingut est le terme générique pour désigner un domaine viticole en Allemand. Kollwentz est un domaine, disons, légendaire du Burgenland (même si la légende n’est pas si vieille). Anton Kollwentz est le premier qui crut dans les vins rouges du Burgenland et surtout dans un cépage local complètement sous évalué : le Blaufränkisch. Désormais ce cépage jadis vulgaire est la carte de visite de la région, qui de pauvre est devenue une des plus dynamiques du pays.

La Vinothèque

Kollwentz est basé dans le Sud-Ouest du Burgenland, près de Eisenstadt. Il cultive 20ha, plantés principalement de Blaufränkisch, Pinot Noir et Chardonnay et complétés par    quelques autres cépages, Zweigelt, Cabernet Sauvignon et Sauvignon Blanc. Il produit quatre vins blancs : un Sauvignon Blanc, Steinmühle et trois Chardonnay, le Leithagebirge (sorte de premier cru) puis les deux icônes du domaine, le Gloria et le Thatchler (équivalent à des Grands Crus). Les vins rouges sont plus nombreux, ils sont dans l’ordre de prestige : Zweigelt Föllikberg, Blaufränkisch vom Leithagebirge, Eichkogel, Dürr, Cabernet Sauvignon, Setz, Point et Steinzeiler. On trouve enfin un rosé et quelques Pädikatswein (vins liquoreux).

Andi Kollwentz, qui a repris le domaine de son père Anton est un grand vigneron, grand, sympathique et terriblement exigent. La dégustation nous a conduit dans les vignes où nous avons pu constater à quel point Andi soigne ses vignes. Les rangs sont impeccablement palissés, irréprochablement conduits. Un seul rideau de feuille, chose remarquable et essentielle. Pas d’herbicide, pas non plus d’irrigation (pratique autorisée en Autriche) et une connaissance parfaite de ses terroirs. La visite des vignes permet de mieux comprendre le niveau atteint par les vins. Autre illustration : 2010 est un millésime assez difficile en rouge, particulièrement chez Kollwentz et Andi, ne trouvant pas les vins au niveau, a donc décidé de déclasser l’intégralité des crus (en dehors du Pinot Noir Dürr).

La dégustation commence par les blancs. Le Sauvignon Blanc Steinmühle 2011 qui est la parcelle la plus éloignée du domaine (une quinzaine de kilomètres plus à l’Est), est plutôt incroyable vu le millésime, vraiment très dur pour les blancs. C’est un Sauvignon surpuissant, à l’heure actuelle très variétal mais soutenu par un nez de silex. En bouche il est très rond et très aromatique également avec une finale tranchante. Un vin de grande qualité qui demandera du temps et qui n’est pas sans points communs avec Sancerre (83/100). Suit le Chardonnay Leithagebirge 2011. Elevé sur lie dans des foudres, il livre un nez de fruit blancs et de fruits exotiques (typique des Chardonnays de cette région). La finale est très impressionnante pour ce vin Premier Cru (86/100). Ces deux vins, considérés plus ou moins comme des premiers crus, constituent l’entrée de gamme du domaine et sont de beaux rapport qualité prix. Ils auront besoin de 2-3 ans pour se faire, avec une durée de vie bien plus longue.

Les deux blancs suivant sont Gloria et Thatschler. Ces deux vins de Chardonnay sont issus de deux parcelles considérées comme des Grands Crus par Andi. Il s’agit pour la première d’une parcelle exceptionnelle plantée au sommet de la colline bordant le village, soit au dessus de 300m (le reste du vignoble se trouve entre 150 et 220m) exposée Sud-Est. C’est le vignoble le plus frais du domaine avec la parcelle Dürr, située juste en dessous. Le Thatschler se trouve lui en bas de cette colline (200-240m) avec une exposition semblable, protégé du vent et bordé par le forêt. Deux parcelles exceptionnelles, dont la première mention écrite est 1570. Gloria 2010 est un vin plutôt puissant, même s’il est encore sur la réserve. On part sur des touches grillées délicates, on retrouve aussi les fruits exotiques. Tout est d’une grande élégance mais on sent un vin qui ne se livre pas (la mise ne date que d’avril). La bouche en revanche est plus déliée. Il présente actuellement plutôt son côté minéral avec une intégration de l’acidité remarquable qui me rappelle celle d’un Montrachet. La longueur est très impressionnante. On tient là un très grand vin, qu’il conviendra d’attendre patiemment (88/100). Le Thatschler 2010 présente un profil plus intégré. Nous sommes plus fruit blancs et fleur. La bouche est très tendue, finale superbe encore une fois (88/100). Ces deux vins encore fermé seront de grandes bouteilles dans quelques années. Leur qualité s’exprime pour le moment à travers leur impeccable et surpuissante structure. Deux vins dont je vous reparlerai en temps et en heure…

Les 5 hectares du Gloria, perdus dans la forêt.

Nous passons aux rouges.

Zweigelt Föllikberg 2010 : un des rares 2010 qui seront mis en vente. Epicé, très fruité, la matière en bouche est vraiment puissante, les tannins bien serrés. Quelle densité ! Trop ? A suivre sur quelques années mais je parie dessus (82/100). S’ensuit le Blaufränkisch vom Leigthagebirge 2009. Changement de millésime, fin de la plaisanterie. Un vin très épicé, très fruité et très mûr. La matière est superbe, beaucoup plus ronde, plus douce et pourtant les tannins sont bien là. Nous avons clairement passé une barre (87/100). Eichkogel 2009 marque pour moi le palier de 90/100. Le nez est grand, très grand avec un fruit tout en équilibre et intégration avec les épices et les notes empyreumatiques discrètes de l’élevage. Quant à la bouche… elle est irréprochable. Magnifique (91/100).

Les Grands Crus commencent avec Setz 2008. Un Blaufränkisch, donc, dominé par les épices (j’utilise l’analogie avec une Syrah du Rhône septentrional sans tannins pour décrire le BF). La parenté avec une Côte-Rôtie est d’ailleurs ici évidente. La texture en bouche montre la même profondeur. La fin de bouche est interminable. Vin encore un peu serré malgré ses 30 mois d’élevage (93/100).  Point 2008 propose un profil proche mais peut-être plus fumé avec une bouche encore plus ronde. Je mise sur un potentiel supérieur mais à l’heure actuelle je trouve que Setz est plus intéressant (92/100). Steinzeiler 2008, l’assemblage BF/Z/CS à forte dominante BF, est un niveau au dessus, il faut le reconnaître. C’est sur la profondeur que se fait la différence. L’aromatique est aussi plus libérée. Un style magique. (95/100). Nous terminerons sur Dürr 2010 qui est un Pinot Noir d’excellente qualité, au niveau d’un premier cru de la Côte de Nuits. Toutefois, s’il goûte déjà bien, je ne lui voit pas un potentiel de plus de 5 ans. A partir de ce moment-là, je doute qu’il s’améliore encore. Il me laisse en comparaison un peu sur ma faim (87/100).

Une mention pour finir au Sauvignon blanc Beerenauslese 2010 qui est ni plus ni moins le meilleur Sauvignon liquoreux (en monocépage) qu’il m’ait été donné de goûter. En effet, le Sauvignon est très difficile à cultiver et vinifier correctement en liquoreux, surtout à ces niveaux de richesse (c’est une des grandes raisons de son assemblage avec le Semillon en Sauternais). Remarquable, épices douces, acidulé et fruits blancs avec une liqueur discrète (92/100).

Une dégustation grandiose de près de 3h30 qui confirme indiscutablement le statut de la propriété. Non seulement leurs rouges sont parmi les meilleurs d’Autriche, mais ils surpassent bien des grands d’ailleurs. Ce domaine serait probablement dans mon top 10 mondial. Il ne reste plus qu’à attendre les grandioses crus 2009. A l’heure actuelle et en général, je recommande particulièrement Eichkogel, qui est LE rapport qualité-prix du domaine. Pour finir, voici un lien vers le site du domaine Kollwentz.

La cave de vinification, une partie des trois millésimes en élevage…

Noël, ses émotions et ses surprises


Noël (et Nouvel An) sont des occasions de sortie de vins un peu exceptionnels. Soit qu’ils soient de grands flacons, en compagnie les appréciant, soit qu’ils soient de petits vins si la compagnie n’aime pas. Dans tous les cas, c’est un exercice à figures imposées : les plats et les invités sont en général définis à l’avance.

Au rang des probables plats, huîtres, saumon fumé, foie gras, volaille, marrons, bûche… des mets plutôt pénibles à assortir. Quant aux vins, en France, difficile de passer outre le(s) Champagne(s), Sauternes et plus généralement Bordeaux ou autres Bourgognes. C’est l’occasion classique par excellence.

Dans mon cas, les fêtes de fin d’années se sont révélées pleines de surprises et de fraîcheur. D’abord, il ne fut pas question de Champagne (ou presque), ce qui est pour moi une grande joie, cette figure imposée privant souvent d’un autre vin plus intéressant. J’ai donc pu proposer à mes convives une vingtaine de vins dont aucun n’a réellement déçu.

Il est ressorti en tête de ces agapes :

1° Les Culs de Beaujeu Cuvée Spéciale 1996 by François Cotat, France, Sancerre

Toujours au sommet, ce vigneron domine presque systématiquement les débats, avec des vins hauts en couleur. Ce dernier ne manque pas à l’appel. Avec une pointe de sucres résiduels qui signe un style très fruité, ce vin est caractérisé par des arômes de truffe blanche exceptionnels. Il est gorgé de fruit, d’une fraîcheur exquise et d’une jeunesse insolente. C’est un futur vin exceptionnel qui demande encore au bas mot 10 ans de cave (il a passé plus de 6 heures en décanteur sans évoluer d’un cil).

Ma note : 94/100 ; 10 ++

Ürziger Würzgarten Auslese * 1997 by Weingut Karl Erbes, Allemagne, Mosel (Ürzig)

Un an plus jeune et même constat, ce vin que j’ai ouvert par deux fois, est à attendre une dizaine d’année et ne bouge pas sur quatre jours. Un breuvage délicieux est issu du Riesling, moelleux mais équilibré par une acidité superbe, fin, complet. Son nez d’ananas est relevé par des nuances terpéniques que je trouve plutôt classiques de ce terroir et élégantes pourront toutefois choquer ou déplaire aux palais qui ne les apprécient pas. La bouche très nettement ananas à l’ouverture s’enrichit de mangue, de poire et autres fruits. Pour le moment l’évolution est vraiment contenue.

Ma note : 92/100 ; 10 ++

Loupiac 1982 by Château Dauphiné Rondillon, France, Bordeaux

Cette bouteille aurait pu tenir encore plusieurs années, sans que je pense elle ne devienne franchement meilleure. Ce qui m’a particulièrement plu est sa note végétale (typique d’un vieux Sauvignon) et naturellement, l’intégration de ses sucres. C’est un vin sage, subtil. Son âge lui donne une grâce incroyable. L’émotion qu’il apporte est bien celle des vieux vins, mûrs, dont même les défauts se font accepter. Très belle expérience.

Ma note : 91/100 ; 5 0

Grüner Veltliner Spiegel Reserve 2006 by Weingut Sonnhof Jurtschitsch, Autriche, Kamptal

Ce dernier commence évolue très lentement mais développe déjà une richesse, une générosité d’arômes rare. Pourtant marqué par une acidité assez faible (caractéristique des Grüner Veltliner du millésime 2006 du domaine), ce défaut ne s’accentue pas avec le temps et l’ampleur que cela lui confère en font un vin idéal pour accompagner viandes blanches et fromages.

Ma note : 91/100 ; 5 +

Voilà donc pour ceux qui ont marqué les festivités, un peu plus que les autres. Un des traits de ces dégustations est le niveau moyen très élevé des vins, avec pour pires flacons, une Cuvée Fréderic Emile 2002 de Trimbach (Alsace, que je reverrai dans 5 ans) ou encore un Henriot Millésimé 2000 encore beaucoup trop jeune. Deux vins que je note tout de même autour de 75/100.

Les autres que je retiens et sur lesquels je reviendrais plus tard :

L’Infidèle 2007 by Mas Cal Demoura (France, Languedoc)

Cuvée Spätlese 2005 by Weingut Nekowitsch (Autriche, Burgenland)

Chardonnay 2006 by Weingut Nekowitsch (Autriche, Burgenland)

Jadis 2002 by Henri Bourgeois (France, Sancerre)

Grüner Veltliner Rosshimmel 2006 by Weingut Alois Zimmermann (Autriche, Kremstal)

Charmes-Chambertin 1998 by Domaine Arlaud (France, Bourgogne)

En conclusion de ce premier billet de la nouvelle année, je vous dirais que rien ne vaut de sortir des grandes appellations ou des grands noms, ce qui compte est de trouver un vigneron sérieux et intelligent. Parmi les vins cités, ceux qui ont fait la plus mauvaise impression sont les Bourgognes et le Champagne. En ce début d’année 2011, je vous le dis donc bien fort, des grands vins existent à tous les prix, il faut juste savoir chercher au bon endroit !

Riesling Kellergärten 2008 by Malat (Autriche, Kremstal)


Malat est sans aucun doute l’un des tous meilleurs producteurs basés en Kremstal. Un autre nom à retenir dans cette région est Proidl, ou encore Alois Zimmermann (avec des vins un peu moins ambitieux). Quel est le programme de ce Kellergärten ? Tout simplement proposer un vin direct, franc, rapidement accessible et « fun ».

Le Riesling Kellergärten rentre dans la toute nouvelle catégorie Kremstal DAC. Ce système de classification est mis en place afin de donner de nouvelles possibilités commerciales aux producteurs autrichiens. Il ne vient pas remplacer l’ancien système germanique mais vient apporter quelque chose d’autre. Vous me direz que ça ne va pas simplifier les choses ! C’est certain, du point de vue de la multiplication des vins, mais étant donné que désormais l’Autriche produit essentiellement des vins secs, cet apport se trouve justifié par rapport à l’ancien label « Qualitätswein » qui était finalement une sorte de parent pauvre du QmP (Qualitätswein mit Prädicat). Par ailleurs, le système allemand ne se soucie pas de la provenance et ne se concentre que sur la maturité du fruit, avec en arrière pensée que plus c’est mûr, meilleur c’est. Cette démarche n’est plus considérée comme suffisante. Mais la volonté de définir les terroir est aussi politique en Autriche et c’est ainsi que les DAC naissent (alors qu’en Allemagne, les initiatives restent privées). En outre, étant donné que la DAC vise à établir une certaine spécificité du terroir qu’elle recouvre, elle a un intérêt euristique majeur pour le consommateur. Bref, la DAC, c’est l’AOC à l’Autrichienne.

Ceci étant plus ou moins éclairci, il faut reconnaître que l’objectif de Malat est atteint avec ce vin. C’est facile, souple et intéressant. En somme un vin idéal.

Le nez part sur la rose, le litchi, les fruits blancs. La bouche abonde de fraîcheur et présente une pointe d’exotisme. Le premier jour, on a presque l’impression qu’il y a un peu de sucre résiduel. C’est extrêmement plaisant. Mais la surprise, c’est que le vin est encore meilleur douze heures plus tard. Je vous conseille donc de l’ouvrir environ six heures avant le repas (par exemple le midi si c’est pour le soir), en enlever un verre si possible, le reboucher et le laisser au frais. Il ne s’en portera que mieux.

Ma note : 80/100 ; 5 +

Grüner Veltliner Steinsetz 2008 by Schloss Gobelsburg (Autriche, Kamptal)


J’aime pas Schloss Gobelsburg.

Dit comme ça, c’est un peu brutal. Et puis peut-être un peu injuste aussi ! SG fait des vins de qualité, au sens où les produits sont bien fait et font montre d’un équilibre indiscutable et d’une élégance certaine. Alors, pourquoi je n’aime pas ?

Je n’aime pas parce que je ne vibre pas. Les vins ne me causent pas, sont trop simples, trop léchés. Léchés, est vraiment le terme exact. Ils ont un côté complètement impersonnel, comme si on avait gommé ou coupé les cheveux qui dépassaient.

Objectivement (c’est-à-dire, en visant une subjectivité universelle, c’est-à-dire en éliminant les partis pris personnels et en se projetant dans la peau de mon bénévole et innocent lecteur), je qualifierais quand même SG de bon domaine. Comme je le disais, les vins sont équilibrés et bien faits. Pas outranciers, pas maquillés.

Ce Grüner Veltliner Steinsetz 2008 ne déroge pas. Un nez franc, net, sans doute le plus appréciable de ce vin. Un peu exotique, frais et long. La bouche est étonnamment équilibré pour ce cépage, un très bon exemple de la qualité du millésime 2008. Ce qui me déçoit est particulièrement sensible dans la finale : légèrement dissociée, pas harmonieuse en tout cas, avec un retour d’amertume et d’acidité non aromatique. Pour moi, c’est un vin auquel il manque un truc.

Ma note : 70/100 ; 5 +

Une bonne première approche du Grüner Veltliner mais qui manque un peu de concentration et de finish. Un vin qui siéra aux fromages un peu parfumés, aux poissons et autres fruits de mer. A tenter aussi sur une volaille, je pense avec succès.


Vievinum 2010 (Wien, Österreich) – Part 3 : Blancs


Notre rétrospective Vievinum s’achève avec les blancs. De très loin, les blancs sont la production dominante d’Autriche. Ils sont aussi les vins les plus emblématiques, avec en particulier les grands Riesling et Grüner Veltliner de la Wachau. Pas surprenant que sur Vievinum, ce soit les blancs qui aient dominé les débats en matière quantitative. Quant à la qualité, c’est une autre histoire !

Les millésimes de blanc, par leur élevage, voient leur date de sortie décalée d’un an d’avec les rouges. Cette année, Vievinum proposait donc essentiellement des 2009 mais quelques producteurs ont eu la bonne idée d’apporter des 2008 (en comparaison) et plus rarement des 2007 et 2006. Si 2008 était un bon millésime, classique, 2009 est beaucoup plus problématique. D’Est en Ouest, les conditions ont été de plus en plus mauvaises et les résultats à l’avenant. Quant au sud, en Steiermark et Südsteiermark, la grêle a ruiné une grande partie de la récolte. 2009 est donc, il ne faut pas se voiler la face, une très mauvaise année. Après dégustation à Vievinum, j’ai d’ailleurs considéré que c’était un millésime à ne pas acheter, par défaut, en attendant de regouter un peu plus tard.

Chardonnay Tatschler by Kollwentz

En Burgenland et en Carntum, on découvre un 2009 correct à bon. Markowitsch propose par exemple un Grüner Veltliner Alte Rebe 2009 plutôt intéressant et original, noté 77/100. De même Gmeiner ou encore Prieler. Kollwentz, là encore, domine les débats avec ses vins les plus simples (les autres étaient présentés en 2008). Son Chardonnay Leithagebirge (85/100) ou son Sauvignon Blanc Steinmühle (88/100) sont parmi les tous meilleurs blancs 2009 dégustés. Tous millésimes confondus, Schönberger sur Herbst Weiss 2007 et Sauvignon blanc Kräften 2007 tous les deux à 88/100, fait partie des révélations du salon (ses rouges sont aussi intéressants). Mais LE vin qui a fait oublier tous les autres, c’est le Chardonnay Tatschler 2008 de… Kollwentz. Un vin de très haut niveau, que je n’hésiterai pas à présenter face aux grands bourgognes blancs. Un profil aromatique exceptionnel, un élevage irréprochable et une magnifique tension, pour un vin qui devrait se bonifier sur un décennie au minimum et que j’ai gratifié d’un 92/100 plus que mérité ! Je suis rarement à ce point enthousiaste mais ce salon m’a donné quelques occasions de frisson, celle-là en était une.

En remontant un peu au Nord, en Thermenregion, j’ai rencontré un magnifique vin en personne du Zierfandler Grosse Reserve 2007 de Stadlmann, confirmé par la dégustation du 2006 un peu plus tard. C’est un vin avec un peu de sucre résiduel, sur une gamme aromatique peu commune, mêlant le fruit exotique et le végétal. Comme un brin de thym au miel… superbe (92/100).

A l’opposé, au Sud, Walter Skoff réussit un très très beau (ne boudons pas notre plaisir) Sauvignon Blanc Obegg 2008 (90/100) mais je n’adhère pas du tout au Royal de la même année, bien fait mais beaucoup trop boisé à mon goût. Ce vin m’a un peu fait pensé au Chef d’oeuvre inconnu de Balzac (lecture que je vous recommande chaudement). Georgiberg marque encore des points avec sa jolie gamme très bien faite et très bon marché.

En repartant au Nord-Ouest, dans les grands vignobles historiques (Wagram, Traisental, Kremstal, Kamptal et Wachau), les choses se gâtent. Enfin, se gâtent pas tant que ça avec le sommet des sommets, en 2009 ! qui sera Bernhard Ott. Basé en Wagram, le domaine travaille en Biodynamie sur une trentaine d’hectares planté à 95% de Grüner Veltliner. 5 ont été détruit par la grêle et les conditions climatiques de 2009 n’ont pas gâté le reste, impliquant un gros travail à la vigne et un tri rigoureux. Mais même sur ce millésime catastrophique chez certains ténors, Ott sort deux vins EXCEPTIONNELS, des sortes de 1er crus, sélections parcellaires, destinées à la vente au domaine uniquement. Ce sont Der Ott 2009 et Rosenberg 2009, et je les ai notés à 95/100. Rosenberg me semble un peu au dessus de Der Ott, affichant une originalité encore supérieure et une finesse absolue. Ces vins sont monumentaux et doivent faire partie de votre MUST DRINK !

En Kremstal, plutôt spécialisé Riesling, les choses sont encore plutôt bien tenues, avec un magnifique millésime 2009 chez Alois Zimmermann. Pour avoir dégusté une verticale 2003-2009, seuls 2006 (un millésime fabuleux en Kremstal) et 2008, au bénéfice de l’âge, passent devant 2009, qui sera de manière certaine un très bon cru. A&F Proidl, la référence de la région, m’a vraiment emballé par sa production. J’ai notés ces vins aux alentours de 80/100 et pour ne rien gâter, les prix sont raisonnables.

Toujours plus à l’Ouest (et Nord-Ouest), on arrive dans les deux grandes régions historiques que sont le Kamptal et, surtout, la Wachau. Ces deux régions sont partagées entre le Riesling et le Grüner Veltliner et ont pour particularité de produire des vins très concentrés, très denses et de haute maturité. D’habitude, donc, des vins très profonds aromatiquement, complexes et cependant extrêmement élégants du fait de leur belle acidité. Des vins de garde et parmi les meilleurs du monde. Sauf que… sauf que 2009 a été vraiment pourri sur la fin des vendanges. Ce qui s’est apparemment passé est que la pourriture grise s’est développée plus vite que prévu et sans le bénéfice de l’ensoleillement. Les acidités se sont donc effondrées et les jus se sont dilués sous l’action des pluies. Les précurseurs aromatiques et les arômes par extension ont souffert des effets de la pourriture et des maladies, donnant des vins peu expressifs.

Un salon de Vievinum

Cette analyse n’engage que moi, mais c’est la conclusion logiques de plusieurs remarques que je me suis faites à partir des dégustations et des discussions que j’ai pu avoir. Première chose, les vins les plus simples (vendangés plus tôt, à maturité moins poussées) que sont les Federspiel en Wachau sont les plus réussis. La seconde est que les Riesling sont globalement moins ratés que les Grüner Veltliner et il se trouve que, compte tenu des conditions climatiques, les producteurs ont décidé de rentrer les Riesling plus tôt. Il est donc clair que le problème est venu de conditions de plus en plus mauvaise et du développement de la pourriture grise. Parmi les très grosses déceptions du salon, sur le millésime 2009, Emmerich Knoll dont je n’ai apprécié, c’est un comble, que le Gelber Muskateller Federspiel, Franz Hirzberger, FX Pichler, Alzinger, Brundlmayer, Hirsch… si vous connaissez un peu l’Autriche, on parle là des stars du pays. La palme revient d’ailleurs au dernier qui livre un Grüner Veltliner Kammerner Lamm 2009 rigoureusement imbuvable (faux goût, goût de souris, terre… affreux comme j’en ai rarement dégusté). Qui donc s’en est sorti ?

Rudi Pichler propose une gamme cohérente, propre et agréable. Certes pas à la hauteur de ses 2008 avec lesquels la comparaison est instructive. Cependant, on peut sereinement conserver ces flacons. Un nouveau venu, Veyder-Malberg, qui a pour particularité de ne pas respecter le Codex Wachau et donc n’a pas une gamme habituelle de Federspiel à Smaragd, recherche la fraîcheur et la minéralité plus que la maturité et est donc le premier à vendanger de la vallée, pratiquement deux semaines plus tôt. Le résultat cette année est superbe, des vins tendus à l’avenir certain.

Le même salon sous un autre angle.

Voilà donc pour notre petit parcours de l’Autriche et de ce très beau salon. Beaucoup d’autres choses auraient mérité d’être signalées mais voilà déjà trois longs billets qu’il ne sera pas évident de digérer. Une dernière remarque : Vievinum est sans doute le plus beau salon que j’ai jamais fait. Le cadre est absolument magnifique. Rien que pour ça, il faut y aller !

Vievinum 2010 (Wien, Österreich) – Part 2 : Rouges


Nous continuons donc notre exploration du salon Vievinum de Wien, avec les vins rouges.

La production de vin rouge en Autriche se concentre dans le Burgenland (Burgenland, Mittelburgenland et Südburgenland) et en Carntum. Quelques vins sont produits également sur Zweigelt et Pinot Noir dans le Kamptal et sur d’autres cépages en Wagram, Thermenregion… mais cette production représente une toute petite part du total.

Sur Vievinum on retrouvait donc principalement les millésimes 2007 et 2008. J’ai aussi pu goûter quelques échantillons de 2009. Après la magnifique année 2006 pour les rouges, 2007 offre des vins de grande qualité, très structurés mais aromatiquement un peu en retrait. Ce sont des vins actuellement assez austères, des cathédrales gothiques, des abbayes cisterciennes : magnifiques et tout en élévation et profondeur. 2008 au contraire est un millésime de fruit, avec des vins ouverts, expressifs et donc beaucoup plus baroques, pour filer la métaphore. Peut-être moins taillé pour la garde mais de belles émotions dès l’an prochain. Dans tous les cas, c’est un très bon millésime également. 2009 sur ce que j’ai vu serait sublime. Il est une synthèse du meilleur des deux années précédentes. 2009 a la structure de 2007 mais l’expressivité de 2008. Si les choses se confirment, ce sera absolument magnifique.

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Les vins, maintenant. Il n’est pas étonnant que la quasi-totalité de ceux que je retiens sont issus des régions que j’ai mentionné en premier. Mais par souci de facilité, je vais régler le sort des productions qui ne proviennent ni du Burgenland ni de Carntum.

En fait, seuls trois vins sont à retenir, deux pinot noirs que je qualifierais d’exceptionnels pour un pays qui n’est pas spécialiste du cépage et un Zweigelt très agréable et bien bon marché de Südsteiermark (près de la frontière slovène). Ce sont donc les Pinot Noir de Willi Brundlmayer (Kamptal) en 2005, un chef d’oeuvre d’élégance, de fruit et d’intensité, et le Pinot Noir Reserve du domaine Alphart (Thermenregion) en 2007, encore jeune et avec un élevage perceptible, mais qui devrait être magnifique dans quelques années. Le Zweigelt que je primerai serait celui de Georgiberg, dans sa version Wientsch. Ces trois vins sont dans les 75-85/100

En Carntum, le producteur qui m’a impressionné est naturellement Markowitsch, notamment pour un vin qui n’était pas présenté sur Vievinum : Redmont 2007 à 82/100 (55% Zweigelt, 15% Blaufränkisch, 10% Syrah, 10% Cabernet Sauvignon, 10% Merlot). Sa gamme est globalement d’un très haut niveau. On retiendra aussi M1 2007 à 90/100 (50% Zweigelt, 50% Merlot) et Rosenberg 2008 à 82/100 (50% Zweigelt, 45% Merlot, 5% Cabernet Sauvignon).

Finalement, le gros du contingent provient sans surprise du Burgenland. On retiendra en particulier et plus ou moins dans l’ordre

Blason du domaine Kollwentz

: Kollwentz, Ernst Triebaumer, Feiler-Artinger, Rotweingut Lang, Anita und Hans Nittnaus, Prieler, Pöckl, Bauer-Pöltl, Rosi Schuster.

Kollwentz, malgré une politique tarifaire qui n’est pas pour inciter à la consommation, produit des vins un cran au dessus des autres. On sent bien, là, que ce producteur à été le premier à travailler à connaître ses sols et ses vignes, il a été un précurseur de la qualité en Burgenland et reste au sommet de la hiérarchie, avec des vins d’une grande finesse et d’une magnifique structure. Ses vins sont justes, sans jamais un excès d’élevage. Des jus à attendre sereinement. En rouge, le domaine présentait ses 2007 et je retiendrais… tout ! Ses vins rouges marquent entre 87 et 95/100, c’est vraiment remarquable et de très haut niveau.

L’ami Ernst Triebaumer offre une belle sélection de Blaufränkisch, Oberer Wald ou Gmärk par exemple, qui sont à attendre quelques années et d’une grande élégance. La cuvée qui emporte tout et atteint le niveau (de qualité et de prix :s) de Kollwentz est le fameux Blaufränkisch Mariental… en 2007 c’est sublime, magnifique… et ça cote à 95/100, son potentiel est insondable. Le domaine produit aussi des assemblages moins typés et fait des essais avec le Pinot Noir. Intéressant et bon. A découvrir, donc.

Bienvenue !

Feiler-Artinger, voisin de Ernst Triebaumer à Rust, est une de mes premières découverte en Autriche et un vigneron qui me convainc à chaque fois. Sa gamme est pléthorique mais consistante. C’était un des seuls à présenter en intégralité deux millésimes (certains vins sur échantillon de cuve), 2007 et 2008. Même 2009 sur un ou deux vins. Tout est bon mais je recommande en particulier Zweigelt und More (à attendre 5 ou 6 ans pour atteindre le Nirvana), Solitaire (attendre plutôt 5 à 10 ans) et la gamme des 1000 (1013 et 1014 en ce moment). Blaufränkisch Umriss, dans un style plus simple, se livre au bout de 4 ans. C’est un exemple très joli de ce cépage, accessible, qui en montre le potentiel quand il est bien conduit. J’ai globalement noté le domaine sur ses rouges autour de 90/100. Feiler-Artinger est un domaine relativement bon marché, dont les vins se révèle après quelques années de garde.

Feiler-Artinger

Rotweingut Lang produit en Mittelburgenland et comme son nom l’indique, ne donne que dans le rouge. Je n’ai pas de recul sur les vins au vieillissement, mais ce que j’ai goûté me laisse penser que ce sera superbe. Les vins sont frais, souples, élégants. Fusion One et Excelsior 2007 ont atteint les 90/100. Avantage ? Les vins sont très bien tarifés… à suivre, donc.

Anita und Hans Nittnaus ne sont pas des inconnus. Basés à Gols, ils produisent une occurrence un des fameux Pannobile et l’un des meilleurs exemples. Tous leurs vins sont très fins et très équilibré, ce qui n’est pas toujours le cas des productions de cette localité (Paul Achs, Gsellmann, Gernot & Heinrich, Judith Beck…). Leur Blaufränkisch Leithaberg 2009 est énorme à 92/100.

Prieler quant à lui est basé au nord de Rust et propose une gamme complète et homogène. Que dire ? Leur série de Blaufränkisch est impressionnante. Pöckl est aussi intéressant. J’ai adoré son flagship baptisé Rêve de Jeunesse. Certes, quand on m’en a communiqué le tarif, mon envolée lyrique a perdu quelques plumes, mais Dieu que c’est bon.

Un des vignerons que j’ai découvert aussi est Bauer-Pöltl, un jeune couple qui officie en Mittelburgenland. La cuvée Christania à 90/100 est exemplaire de leur travail. C’est bon, c’est bon marché et ils sont adorables.

Pour finir, je vous parlerai de Rosi Schuster, vigneronne de son état aux alentours de Rust (ouest). Beau Sankt Laurent Zagersdorf en particulier (sur 2008) qui décroche un 88/100.

Bien sûr, il y en avait plein d’autres, mais il faut sélectionner. En rouge, aucun domaine ne m’a vraiment déçu à l’exception d’un domaine du Südtirol. Tous les vins dégustés étaient de haut niveau. On aurait aussi pu mentionner Nekowitsch et son Rubino, Umathum pour sa gamme de vins puissants et de garde, Heinrich, Schloss Halbturn

Vievinum 2010 (Wien, Österreich) – Part 1 : Liquoreux


J’ai enfin terminé la synthèse des 280 échantillons dégustés sur Vievinum 2010 à Vienne en Autriche (j’utiliserai Wien pour éviter les confusions avec la Vienne française). Le bilan est extrêmement positif puisque même avec un millésime difficile comme 2009, il y a très peu de ratés, et une moyenne très élevée de 79,3/100.

Pour la répartition, beaucoup de 2009 soit environ 120 vins, 80 sur 2008, 50 sur 2007 et le reste se partage entre 2006 et des choses plus rares de 2005 à 1995. Deux bon tiers de blancs, assez peu de liquoreux car ils me ravagent le palais par leur acidité, au point que cela devient douloureux. Habituellement, je déguste beaucoup de rouge en Autriche (! car la majorité des vins autrichiens sont blancs), car je suistrès intéressé et emballé par le Burgenland, qui est remarquable pour sa production de rouges. Seulement, une fois n’est pas coutume, je décide de me concentrer sur la Wachau et ses satellites que sont le Kremstal et le Kamptal.

Que dire donc de tous ces vins et, surtout, qu’en retenir ? Dans ce premier opus « Vievinum », je m’attarderai sur le cas des liquoreux, ces vins hors normes, pouvant atteindre 400g/l de sucres résiduels.

Mes coups de coeurs vont de manière assez peu surprenantes justement à des liquoreux. Si je prends mon top 10, 7 sont des TBA (Trockenbeerenauslese), BA (Beerenauslese) ou Ruster Ausbruch, c’est-à-dire des vins supérieurs à 150 g de sucre résiduel par litre. A côté de ça, Yquem peut se rhabiller ! C’est somme toute assez logique car :

1/ L’Autriche est un des plus grands producteurs de liquoreux. Jusqu’à la crise de 1985, c’était d’ailleurs leur spécialité. On trouve là-bas parmi les meilleurs vins de ce type, portés par des acidités remarquables et un équilibre en bouche incroyable.

2/ Les liquoreux proposés l’ont souvent été dans des millésimes plus anciens.

3/ Le profil aromatique et la typologie de ces vins les rends particulièrement adaptés aux dégustations du type salon.

Les millésimes présentées sur ce type de vin étaient principalement 2007 pour les TBA et affiliés, 2008 pour les vins moins concentrés et 2006 pour les Schilfwein (passerillés). Au vu des dégustations, 2007 est un excellent millésime de liquoreux, notamment en Burgenland. 2008 s’annonce magnifique sur les Beerenauslese (BA) et les degrés plus légers. 2009 sera inexistant car les conditions climatiques n’ont pas été clémentes. Feiler-Artinger, spécialise s’il en est des liquoreux, ne sortira qu’un seul Ruster Ausbruch sur 2009, en revanche, il faudra attendre pour juger les Beerenauslese qui pourront peut-être tirer leur épingle du jeu.

Les domaines qui m’ont particulièrement impressionnés sont Feiler-Artinger, avec une gamme de Ruster Ausbruch très homogène au niveau qualitatif et de jolies variations entre la version standard et les Pinot Cuvée et Chardonnay Essenz.

Ruster Ausbruch Chardonnay Essenz 2007 by Feiler-Artinger

Toujours en Burgenland et toujours à Rust, Ernst Triebaumer a fait le pari des vieux millésimes. 1995 en Ruster Ausbruch est un vin magnifique, à maturité, très sur le cuir et ce type d’arômes « bruns », des vins patinés qui seront certainement magnifiques sur des fromages ou même certaines volailles (promis, j’essayerai). Il présentait aussi un Ruster Ausbruch 1998 absolument sublime, dominant le 1995 par son équilibre et ses fruits exotiques, qui en font un vin beaucoup plus charmeur. On s’en délectera pour lui même, contemplativement et en compagnie musicale, par exemple.

Cols de Ruster Ausbruch, Ernst Triebaumer

Burgenland encore, le domaine Hans Tschida dont je dégustais la gamme pour la première fois, est une des révélations (pour moi) du salon. Ses vins sont magiques, encore jeunes, mais un cran au dessus de la référence (et voisin) Kracher. Au demeurant, les vins de ce dernier ne déméritaient pas mais à mon goût manquent d’un surplus aromatique. Leur texture soyeuse reste cependant exceptionnelle et inimitable.

Schilfwein Muskat Ottonel 2006 by Hans Tschida

Le dernier domaine à m’avoir offert des liquoreux d’exception est A&F Proidl en Kremstal et c’est en fait le premier que j’ai dégusté lors de ce week-end. Son Riesling Senftenberger TBA 2007 et surtout sa Senftenberger Süsse Reserve sont des monstres de fraîcheur. J’ai perçu le second à une petite cinquantaine de grammes de sucres résiduels alors qu’il en affiche 115 au compteur. C’est dire !! Ces vins sont des chefs d’oeuvre d’équilibre et encore très jeunes.

Riesling TBA Senftenberger by A&F Proidl

Finalement, je recommanderai quand même à qui voudra se frotter à ces vins, qui titrent à plus de 250 g/l de SR, soit deux fois plus que les liquoreux français. De se rappeler deux choses. D’abord que ces vins n’ont rien à voir avec leurs homologues de chez nous. Ils disposent d’acidités absolument ahurissantes qui font passer 300 g/l comme s’il n’y avait que 100 g/l. Mais ensuite, que ces vins nécessitent quand même de s’y initier. Je vous conseillerai donc de commencer par des BA, en général deux à trois fois moins cher et beaucoup plus facile à aborder.

La question finale : un vin comme ça, ça se boit comment ?

Surtout pas sur un foie-gras ! Sur des desserts, notamment les desserts glacés. Attention au chocolat, vous risquez des accords malheureux, sauf si vous dégotez des TBA ou Schilfwein rouges (ce qui existe !!), qui alors seront sublimes. Vous pouvez les essayer aussi sur tout type de dessert qui ne soit pas trop sucrés. Desserts au fruits, desserts de restaurant. J’éviterais personnellement les cakes. Vous pouvez aussi apprécier ces vins tous seuls, comme digestifs.

Rappel des 7 du top 10 (notés entre 95/100 et 97/100, et je n’ai pas l’habitude d’être généreux, le top 3 est en gras)

– Ernst Triebaumer, avec ses Ruster Ausbruch 1995 et Ruster Ausbruch 1998

– Hans Tschida, avec ses Sämling 88 BA (Scheurebe) 2007, Chardonnay TBA 2007 et Muskat Ottonel Schilfwein 2006

– Feiler-Artinger, avec ses Ruster Ausbruch Pinot Cuvée 2007 et Ruster Ausbruch Chardonnay Essenz 2007