Sancerre

Domaine François Cotat (France, Loire, Sancerre), le millésime 2012


C’est un rite annuel : la dégustation du dernier millésime de François Cotat. Ce n’est pas une dégustation toujours facile car ses vins sont construits pour la garde et ne s’exprimeront parfaitement que dans 10, 15 ou 20 ans. Mais d’un autre côté, il n’y a rien de plus simple vu qu’il ne rate quasiment aucun millésime. Sur ces dix dernières années, par exemple, je ne noterais que 2004 en retrait. Et encore, si mon opinion est particulièrement sévère (et celle de François, juste réservée), d’aucuns apprécient cette année précise.

François Cotat en Sancerre est très atypique. A tel point qu’il lui est arrivé par le passé de ne pas obtenir l’agrément pour certains de ses vins. D’ailleurs, il a cessé de le demander pour son rouge qui ne l’obtient jamais car… il ne fait pas la fermentation malo-lactique ! De surcroît les volumes sont tellement limités qu’il ne le commercialise pas vraiment. Ses vins ne sont que rarement prêts à boire avant une dizaine d’année, exception faite du rouge rarissime, du rosé et du blanc « les Caillottes ». Sur les dix derniers millésimes, je peux vous conseiller d’ouvrir : les Caillottes (alias Jeunes Vignes) 2005 et 2006 ainsi que l’ensemble des 2003. A horizon un peu plus large, les 2001 et 2000 sont superbes. Pour le reste… il faudra se rappeler le dicton « Patience est mère de vertu ».

L’immense plaisir des vins de chez Cotat reste que plus vous les attendez, meilleurs ils sont, dès lors que vous avez passé la période des 10 ans de jeunesse. Ils ne s’abîment jamais : un placement redoutable d’efficacité.

Chavignol, de l’autre côté.

On démarre donc sur ces 2012. 2012 fut un millésime globalement difficile en France et même faible dans beaucoup de régions. Les rares à s’en sortir parfois brillamment sont le Centre avec Pouilly et Sancerre, ainsi que la Vallée du Rhône et certains en l’Alsace. La dégustation commence toujours par les blancs, par ordre de cru, puis on enchaîne souvent sur un ou deux millésimes plus anciens.

Les Caillottes 2012 sont d’une jaune paille très clair, à reflets verts, comme tous les vins de 2012. On y découvre un fruité joyeux et évident. Aucune trace variétale (pas de buis ou bourgeon de cassis). Le vin est vraiment très agréable, expressif même, avenant. Il est plein de fruit, pas trop silex. La bouche est souple, bien construite. Sur le fruit blanc et les fleurs, toujours, avec une matière très intéressante et plus dense que les millésimes précédents de Caillottes (sans doute l’âge grandissant des vignes). La longueur est remarquable et sur la fraîcheur. C’est un vin qui donne le ton, ouvert, fruité avec une acidité nette mais douce. Aucun excès ni dans un sens, ni dans l’autre. Sur cette cuvée toujours plus simple, de jeunes vignes qui ne pardonnent rien, il est de bon augure de trouver un tel jus. C’est une très belle bouteille, déjà appréciable mais qui se bonifiera pour commencer de se livrer dans 3 à 5 ans. 81/100 ; 5 ++ (id est, on peut en attendre 90-92/100 dans 5 à 10 ans).

Les Monts-Damnés 2012. Au contraire des autres, cette bouteille vient d’être ouverte, or à cet âge de leur vie, les vins du domaines sont bien plus facile à aborder après quelques jours, voire une semaine. Toujours cette couleur vive, jaune pâle à reflets verts. « Visiblement » c’est plus fermé. Le fruit est retenu bien que présent, comme caché derrières quelques très élégantes notes végétales (un soupçon de bourgeon de cassis). La minéralité habituelle de ce terroir éclate au nez avec ces notes typée de silex, de pierre mouillée, sèche. Très difficile à décrire. Un nez que je qualifierais de droit. Impeccable, taillé comme un diamant. La bouche est plus facile à lire, comme souvent sur les vins trop jeunes. Ce qui marque le plus, c’est le contraste avec le vin précédent. Alors que Caillottes était déjà magnifique, une grande marche est grimpée quand on touche à la matière de Monts Damnés. Puissamment structurée, organisée, cette bouche très intellectuelle est sublime. Aromatiquement, ce sont les agrumes qui se développent particulièrement en finale, citronnée, superbe. La longueur est grande, pure… c’est une bouteille qui ira loin. 87/100 ; 10 ++

Culs de Beaujeu 2012 de nouveau un vin ouvert depuis plus longtemps. La couleur est un peu plus soutenue. Le contraste n’en reste pas moins saisissant. Le nez ne montre pas ces notes minérales (qu’il ne montre jamais, d’ailleurs) ni les touches végétales (élégantes) de Monts Damnés. On est ici plutôt sur une trame exotique avec quelque chose de poivré. C’est un vin beaucoup plus évident, immédiat et même sensuel (toute proportion gardée). La bouche est large, puissante. Le fruit est plus mûr, plus exotique, moins agrume. La longueur excellente. On trouve de surcroît des notes épicées et la touche végétale absente du nez apparaît en milieu de bouche. C’est beau ! Même si le contraste expressif provient largement de l’ouverture, ce vin semble beaucoup plus spontané que Monts Damnés. Un caractère finalement récurrent de cette cuvée. Le fait, cette année, qu’il reste un peu de résiduel (un peu plus) n’y est sans doute pas étranger. 90/100 ; 10 ++

La Grande Côte 2012 est d’un jaune légèrement plus intense, toujours à reflets vers. Le nez est plus complexe, plus riche, plus expressif. Un pallier est franchi en terme d’arômes exotiques, la mangue apparaît, soutenue de fruit jaune (pêche). Même si on ressent bien que le vin est tout en retenue, il livre déjà énormément d’éléments, de précurseurs… en bouche, tout est sublimé : matière, aromatique, élégance… La complexité est incroyable, toujours tournant autour de l’abricot, de la mangue, de l’ananas, du citron avec un trait végétal qui ajoute encore en complexité. La matière donc est imposante, puissante avec une finale tendue magique. La longueur est déjà immense. Magnifique bouteille, qu’il faudra certes attendre, mais qui devrait s’élever très haut dans le panthéon des vins. Tout dans cette bouteille est à sa place : matière, aromatique, acidité, alcool, richesse. La Grande Côte est toujours un vin d’exception mais je l’ai rarement vu à ce niveau d’équilibre. L’avenir nous confirmera sans doute la haute naissance de ce vin. 93/100 ; 10 ++ (je peux pratiquement parier que ce vin touchera les 100/100 dans quelques années… voire plus !)

Chavignol, côté vigne.

Nous en avons fini avec les blancs 2012, superbe série, nous allons maintenant goûter deux de leurs aînés, 2001 et le grandiose 1995.

La Grande Côte 2001, un millésime à part. François Cotat nous explique que cette année là, il n’aimait pas les acidités. Trop élevées. Alors il a attendu. Quinze jour après que tout le monde ait terminé, il a commencé. Il était tranquille dans les vignes, nous dit-il. Pourtant il considère que c’est de la chance pure et simple. Il a attendu à cause de cette acidité et il a gagné une semaine et demie de grand beau temps. Au lieu de sortir un millésime correct mais dur, il a réalisé une grande année. Malheureusement ce vin est ouvert depuis plusieurs semaines, donc je ne le noterai pas. Le nez développe des arômes puissant de truffe blanche, caractéristique de la Grande Côte à maturité. Les fruits exotiques sont intense. Une note de miel ouvre la bouche qui termine sur une acidité salivante mais bien présente. En bouche surtout, l’on sent la fatigue. A l’ouverture, on devait friser le parfait. Un 95+ sans doute… et toujours superbe.

Mais il n’avait pas dit son dernier mot, il retourne chercher une autre bouteille dans son trésor :

La Grande Côte 1995, le lot de consolation me convient fort bien, car pour connaître la bouteille, c’est une des réussites des années 1990. La bouteille aura un peu le défaut inverse d’avoir été ouverte trop tard. La truffe blanche est à nouveau présente mais légère, pas dominante, on trouve aussi le cassis, le bourgeon de cassis, un peu de fruit rouge. Pas tellement exotique au nez. La bouche révèle une complexité à la fois puissante et aérienne, c’est du grand art. L’équilibre est parfait et montre ô combien le 2001 n’est que presque parfait. Cette fois au sein de cette bouche à la densité incroyable, nous allons retrouver la mangue, le fruit de la passion, les baies, une touche de vert… dans deux ou trois heures de carafe, le vin serait certainement idéal. Sa jeunesse est surprenante, à peine doré, aucune oxydation… 100/100 ; 10 + , peut être une vue de l’esprit mais ce vin  déjà parfait sera encore meilleur dans 5 ou 10 ans !

Arrivés au sommet, nous changeons de registre pour finir sur le plus humble mais non moins excellent :

Rosé 2012, déjà habituellement limitée, la production sur 2012 est quasi inexistante. Ce Rosé est toujours étonnant car il sort des codes. Il est toujours très expressif et c’est un reflet puissant du millésime. Il peut être sec, demi sec… et il vieillit admirablement. Cette année, il marque par son caractère vineux. La couleur est marquée (tout l’opposé de 2010 qui semble plus un blanc taché qu’un rosé), son nez est extraverti, sur le fruit rouge comme la groseille, la fraise et la framboise. Relativement complexe, il a une bonne tenue. La bouche, elle, est puissante et construite. Il semble venir de bien plus au sud. Le fruit revient, surtout la groseille et l’ensemble se termine avec une impression de mâche intéressante, une impression de vin. Puissant. Sans doute ses 14 et quelques % expliquent cette tenue inhabituelle. Voilà un joli vin, qu’il faudra savoir attendre quelques année pour en tirer tout le potentiel. 86/100 ; 5 +

En conclusion de cette dégustation, je dirais que 2012 est manifestement une grande réussite. Les vins sont promis à un très bel avenir si on n’est pas tenté de toucher cela trop tôt. Sur la base de cette dégustation, il fait partie des meilleurs millésimes de ces 10 dernières années car il a tout mais surtout il a l’équilibre.

 

Un domaine : Saget La Perrière (France, Loire)


Nom : Saget La Perrière (regroupe : le Domaine Saget, le Domaine de la Perrière, le Domaine Balland-Chapuis, le Domaine des Grandes Espérances, le Château de la Mulonnière et le Domaine Chupin)

Nature : Domaines indépendants et négoce. Propriété familiale (Famille Saget)

Terroirs : Vallée de la Loire, vins produits sur la quasi totalité des AOP et IGT de la région. A l’origine, Pouilly Fumé.

Surface : 360ha + achat.

Aujourd’hui, un focus sur un domaine : Saget La Perrière, en Loire.

Il y a déjà longtemps que j’ai prévu de dédier un billet au travail remarquable effectué par ce domaine. Je trouve que c’est une tâche d’autant plus importante que ce type de maison souffre de préjugés importants en France (grande superficie, domaine et négoce, présent dans tous les canaux de  distribution, etc…), alors que la vérité n’est pas ailleurs que dans le verre. Et lors de ma dernière dégustation de leurs vins, j’en ai  eu l’exemple parfait… et triste. Avant de juger un domaine, goûtez, mes amis, goûtez et particulièrement à l’aveugle.

La maison Saget va donc à contre courant de tous les préjugés français en matière de vin de qualité, et disons-le d’emblée : ça marche !

Les vins sont superbes, tous parfaitement adaptés à leur marché. Mais il ne faudrait pas comprendre que ce sont des « vins marketing ». Toute la force et la spécificité de la maison Saget et d’être parvenue à faire coexister la logique « domaine indépendant, artisanal » et celle du vin de négoce, régulier et marketé comme il se doit. Comment l’équilibre est-il atteint ? Tout simplement en distinguant de manière claire les différentes activités et en gérant les différentes entités de manière totalement indépendante en ce qui concerne l’élaboration du vin. Le style du Domaine Saget n’est donc pas le même que celui du Domaine des Grandes Espérances, ou du Domaine de la Perrière. Chaque domaine est élaboré par des hommes différents, sous la responsabilité d’un oenologue propre à chaque domaine, sensible à son terroir. Et si l’on cherche un point commun, il se trouvera peut-être dans la recherche de pureté et d’expressivité. En pratique, lorsque l’on déguste chez Saget, chaque domaine a son identité propre et donc bien au contraire d’un domaine de 360ha de vignes, nous avons réellement en face de nous un domaine de 10ha, un autre de 20, etc…

La force de cette structure est donc de tirer pleinement profit de toutes les possibilités offertes à la viticulture française. Par exemple, l’activité de négoce donne naissance à un remarquable Vin de France, La Petite Perrière. Impeccablement positionné, c’est un vin idéal pour les marchés export, le vin dont rêve un importateur : facile, expressif, bon marché et représentatif d’une certaine image du vin de France. C’est un type de vin dont je ne connais, hélas, pas beaucoup d’exemple en France, alors qu’il s’agit exactement de ce qui manque sur le marché pour promouvoir efficacement la France. Mais à l’opposé, le domaine produit des cuvées ciselées, d’une typicité implacable comme le Savennières « L’Effet Papillon » du Château de la Mulonnière ou le Pouilly Fumé du Domaine Saget, qui sont deux vins superbes, apte à un long vieillissement en cave.

Ce domaine donne un bon coup de pied au derrière des préjugés des amateurs et critiques de vins français, pour qui seul vaut le domaine indépendant. Mais rappelez-vous toujours que la plupart des noms bourguignons que vous connaissez sont des négoces (et d’une qualité indiscutable), on pensera à William Fèvre, Louis Jadot ou encore Bouchard Père et Fils. Et n’oubliez pas non plus que les grands Châteaux Bordelais couvrent des superficies très importantes (de l’ordre de la centaine d’hectare) et des terroirs très hétérogènes, beaucoup plus hétérogènes que chaque domaine de la maison Saget pris individuellement. D’ailleurs, il ne faut pas s’y tromper : le Domaine Saget (Pouilly Fumé) et le Domaine des Grandes Espérances (Touraine) sont tous deux présents dans le Guide Bettane et Desseauve ainsi que dans celui de la RVF.

Je ne pourrai pas vous faire une revue de détail, tant les vins sont nombreux, mais je vais balayer assez largement la gamme et vous brosser un portrait de quelques cuvées particulièrement intéressantes.

NB : Je vous rappelle de vérifier mon barème afin d’interpréter mes notes. A partir de 70/100 on entre pour moi dans la catégorie des bons-très bons vins. 80, très bons à excellents et 90+ correspond à des vin exceptionnels. Ma notation ne correspond pas au barème Parker.

LES BLANCS :

La Petite Perrière Sauvignon Blanc : La démarche derrière ce vin est de mettre en lumière le savoir faire du domaine sur les cépages de son berceau d’origine (le Centre), que sont le Sauvignon blanc et le Pinot Noir. La Petite Perrière n’est donc produite que sur cet deux cépages. En l’occurrence il s’agit réaliser une sorte de Sauvignon Blanc idéal, constant dans ses caractéristiques, bon marché et destiné à une consommation rapide. Assembler des vins de diverses origines est une brillante idée car il permet de balancer le trop mûr des Sauvignons du sud (mais souvent très fruités) avec la fraîcheur et les arômes plus végétaux du nord. On obtient, pour le 2011 goûté il y a un an, un vin à la fois exotique et frais avec une touche variétale de bon aloi. Un vin qui n’est pas destiné à la garde, disons-le encore, à consommer dans l’année. Un remarquable rapport qualité prix. Bon vin, à consommer dans l’année, environ 70/100 ; 0 0

Domaine des Grandes Espérances, le Blanc, Touraine 2010 : dégusté en décembre dernier (sauf mention contraire, valable de tous les vins). 100% Sauvignon Blanc. Plus typiquement bourgeon de cassis et buis. Légère touche exotique. La bouche est ronde avec une note acide en finale et un retour discret du végétal en finale. Joli vin, bien dans l’esprit Touraine. A consommer dans les deux  prochaines années. 72/100 ; 0 0

Domaine des Grandes Espérances, Roi Soleil 2011 : 100% Sauvignon Blanc. Micro-cuvée (de l’ordre de 1000 à 3000 bouteilles par millésime). Parcelle de vieilles vignes. D’emblée on note un surcroît de maturité et une structure plus grande. Les arômes sont intenses, plus portés sur le fruit. La bouche est vineuse et très minérale. C’est un beau vin mais qui demande encore quelques années pour se mettre en place. 75/100 ; 5 +

Domaine des Grandes Espérances, Aurore 2010 : A mes yeux, la différence de millésime joue à plein. Les 2010 sont plus en place et l’équilibre et plus sur la fraîcheur que sur la maturité. Ici nous retrouvons une cuvée parcellaire, 100% Chenin. Le nez est large, gras, légèrement beurré. La bouche est ronde et pleine mais tendue en même temps. Beaucoup de fruit, mûr. Très beau vin, attendre quelques années. 79/100 ; 5 ++

Domaine Saget, Pouilly-Fumé 2010 : C’est la cuvée de référence du domaine, à noter que sa commercialisation tend à être retardée afin de proposer le vin à un moment où il est déjà en place. 100% Sauvignon Blanc. Note variétale, très élégante, au nez. Puis une impression de largeur avec du fruit mûr et des arômes floraux. Nez complexe. La bouche est d’une grande élégance, pleine, et présente des fruits jaunes avec une touche assez étonnante de groseille. Vin extrêmement élégant, magnifiquement équilibré. C’est une superbe bouteille qui va devenir exceptionnelle dans quelques années mais qui est déjà très accessible. Indiscutablement un Pouilly-Fumé de référence. De surcroît d’un excellent rapport qualité prix ! 86/100 ; 5 ++ 

Domaine Saget, Roches 2009 : Je lui ai trouvé plus de minéralité et quelque chose de cristallin. La bouche est plus orienté sur le arômes végétaux. Finale sur la fraîcheur. Attendre. 82/100 ; 5 ++

Domaine Saget, Les Sablons 2009 : Un vin tout à fait étonnant sur 100% Chasselas. C’est une rareté désormais car le Chasselas est largement abandonné sur Pouilly-Fumé au bénéfice du Sauvignon Blanc. L’idée derrière ce vin est de faire la démonstration que si le cépage est traité avec attention, il peut produire des vins intéressants. Pour votre information, le Chasselas est beaucoup plus connu soous le nom de Fendant, le célèbre vin suisse. Le nez est grillé, gras avec des fruits comme la mangue et le litchi. Vraiment très intéressant. La bouche est nettement dominée par l’élevage (le pourcentage de bois neuf est beaucoup moins important dans le 2010). Fraîcheur remarquable de l’ensemble alors que c’est souvent la faiblesse du Chasselas. Un vin extrêmement intéressant (premier millésime, je crois), qui devrait donner quelque chose de superbe sur un millésime comme 2010… à suivre. 76/100 ; 5 +

Château de la Mulonnière, L’Effet Papillon, Savennières 2008 : Ce vin, je l’ai dégusté il y a un an, au domaine. Nez d’abricot, de litchi et de fruits secs. Bouche à l’avenant. C’est excellent et très expressif. Un des meilleurs Savennières que j’ai récemment dégustés. A ne pas rater. 89/100 ; 5 + 

LES ROUGES :

Domaine des Grandes Espérances, le Rouge, Touraine 2010 : Cocktail détonnant de 60% Gamay, 20% Malbec, 20% Cabernet Franc. Cahier des charges : un vin à boire à deux sans distinction de sexe et en moins d’une heure. Résultat : objectif atteint. Ce vin est facile et jouissif. Très souvent, je trouve le terme « vin de soif » complètement dévoyé, employé pour qualifier des vins de hauts rendements, déséquilibrés, mal mûris, dépourvu de corps et trop acides… mal fichus, en fait. Ce n’est pas le cas ici, voilà un véritable vin de soif, vin de copains. Du fruit, du fruit, du fruit. Au nez et en bouche, aucune sensation de verdeur ou râpeuse. C’est bien fait et ça glisse sur la langue. L’équilibre est très bon. Un vin dangereux 😉 et il va sans dire, un rapport qualité prix imbattable 73/100 ; 0 0

Domaine des Grandes Espérances, Supernova 2009 : 100% Malbec, micro-cuvée. Issus de vieilles vignes, ce vin réalise exactement ce qu’on attend d’un Malbec de Loire – et qu’on ne trouve pratiquement jamais – la puissance, le gras et l’explosion aromatique du Malbec avec la fraîcheur du climat ligérien, qui apporte une texture plus souple, moins alcooleuse que dans le sud. Le nez est poivré, épicé avec un fruit noir bien mûr. Quelques touches florales apportent de la complexité. La bouche est pleine, avec une belle matière et des tannins plaisants. Aromatiquement on retrouve en plus la cerise et le noyau. C’est excellent mais encore jeune. Chapeau ! 82/100 ; 5 + (90/100 ; 5 + mise à jour suite à dégustation du 25 mai 2013)

Domaine des Grandes Espérances, les Ailes Pourpres 2010 : 100% Cabernet Franc. Un OVNI. Son élaboration est déjà une surprise (parlez-en avec Arnaud ou Laurent si vous les rencontrez). Que dire sinon que ce vin est le charme à l’état brut. C’est une grande bouteille, indiscutablement. Le nez est superbe, dense, profond, fruité. Le boisé complètement intégré apporte sa complexité. En bouche c’est à la fois énorme et soyeux : un ange en bouteille. Il peut encore vieillir, il gagnera assurément, mais c’est déjà excellent. Comme dirait un ami « Superb effort! » ; c’est fantastique et j’adore. 90/100 ; 5 +

LA BULLE :

Nous terminerons sur une bulle, je n’en ai goûté qu’un seul au domaine mais il en existe plusieurs. Particulièrement la cuvée Constellation, qu’il me tarde de découvrir. Il s’agit de :

Domaine des Grandes Espérances, Etoile Filante, Touraine Brut (blanc) : Un effervescent « entrée de gamme » qui passe 12 mois sur latte. 70% Chenin, 30% Chardonnay. Beaucoup de fraîcheur dans ce vin. Je lui trouve du fruit rouge (groseille, cerise), de la poire. L’effervescence est un peu rustique mais le vin est juteux avec de la pomme ou encore du litchi en bouche. C’est un vrai plaisir. Festif, jouissif… un leitmotiv sur ces cuvées à boire tous les jours… Le prix est indécent tellement il est raisonnable… plutôt apéritif que gastronomique. Bottoms up! 71/100 ; 0 0 

Les Ailes Pourpres (design de l'Etiquette)

Les Ailes Pourpres (étiquette), un dessin de Anne Montel

Qu’ajouter en conclusion ? Un (des) domaine(s) que je vous conseille de découvrir. La qualité du travail est irréprochable et les vins nous en donnent toujours pour notre argent et même souvent bien plus. Le Pouilly-Fumé est un vin de référence pour l’appellation et je vous recommande instamment de le découvrir. De toute façon, il faut se rendre à l’évidence : de part la stratégie de domaine, qui consiste à préserver l’identité propre de chaque domaine, de chaque terroir, vous trouverez toujours un vin qui correspond exactement à ce que vous cherchez. Il est aussi remarquable que malgré des millésimes difficiles comme 2011 en Centre ou même 2009 dans une certaine mesure, la qualité est toujours là, les vins réguliers… que demander de plus ? Sans aucun doute de voir plus souvent ce type de domaine sur les tables et dans les guides, qui ont bien du mal, parfois, à admettre qu’on peut faire de grands vins autrement qu’avec 4ha, de la poudre de perlimpinpin et, de préférence, dans le fond de son garage. Le bon vin, c’est avant tout du talent et de la rigueur. Et dans la maison Saget, on en a à revendre.

Grand Tasting 2011 : La Totale ou presque ! (Provence, Loire, Rhône, Etranger)


Dernière ligne droite de ce commentaire sur le Grand Tasting 2011. On termine sur des régions que je n’ai malheureusement pas eu le temps de bien dégusté (Provence et Loire), hélas, le Grand Tasting est un peu court et mériterait de durer un ou deux jours de plus.

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PROVENCE

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  • Château de Bellet

Il y  a longtemps que je n’avais plus suivi ce domaine. L’occasion ne pouvait se laisser passer. Je retrouve un vin au niveau de mes premières expériences (positives, ces premières). Le Baron G rouge 2009 est absolument superbe ! Fruité et épicé avec une magnifique structure. Le Baron G blanc 2010 est bon mais me laisse un peu plus dubitatif car trop dominé, à mon avis, par le Viognier.

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LOIRE

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De même, j’ai dû passer vite sur la Loire. 2009 est un millésime difficile en sec, particulièrement dans le Centre. J’ai voulu en avoir le coeur net et ai donc dégusté Henri Bourgeois.

  • Henri Bourgeois

Le Millésime 2009 sort remarquablement bien ! On n’est certes pas sur la tension de 2008 ou 2010 (plus typiques) mais la matière et la maturité ont été très bien gérées. Au bout du compte, des vins de grande classe, qui seront sans doute ouvert plus tôt que les millésimes antérieurs. Jadis 2009 comme D’Antan 2009 sont tout à fait recommandables. Le domaine présentait également le Clos Henri en 2010 blanc (Sauvignon Blanc) et 2008 rouge (Pinot Noir), tous deux de haut niveau, le Sauvignon Blanc est superbe, bien supérieur à 2008, par exemple. De la belle ouvrage.

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RHÔNE

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La vallée du Rhône était bien représentées, au moins qualitativement. D’une manière générale les vins du grand négoce sont hélas décevants (Jaboulet, Chapoutier et Perrin) car manquant de personnalité et souvent beaucoup trop réduit. Côté millésime, en blanc, 2010 est magnifique, en rouge 2009 également très bien. J’ai goûté quelques 2007 assez austères mais très bien faits en blanc et très intense en rouge.

  • Château La Gardine

Ce domaine est un classique de Châteauneuf-du-Pape. En blanc comme en rouge, la gamme se compose d’une cuvée tradition et d’une « cuvée des génération ». Gaston Philippe en rouge, Marie-Léoncie en blanc. En général la cuvée Tradition est à privilégier en rouge : après quelques années, les différences avec la cuvée prestige s’affaiblissent. En blanc, par contre, Marie-Léoncie est incontournable : c’est un des meilleurs blancs de la région et il vieillit admirablement. En 2009 rouge Tradition et Gaston Philippe sont superbes. GP goûte un peu mieux, plus ouvert (c’est presque toujours le cas), à privilégier, donc, si vous êtes impatient. En blanc Marie-Léoncie, présentée en 2007, est encore très sur la retenue avec des dominantes issues de l’élevage. Ce sera un vin de longue garde. La Gardine propose aussi quelques cuvées exclusives : Peur Bleue (sans souffre) ou Immortelle (vendange entière, assemblage en cours de vinification…). L’Immortelle 2007 était proposée à la dégustation. Superbe vin à la fraîcheur imparable. Fruit magnifique, tannins superlatifs de qualité… Enfin le domaine offrait le Tradition 1983. Déjà décrit plus tôt, le vin était sans aucun doute le plus fabuleux du salon. Une finesse incroyable, une réelle magie.

  • Château La Nerthe

J’ai hésité à conserver ce domaine dans les notes de synthèse. Les vins présentés étaient tous de grande classe sauf le rouge 2008, très moyen, mais leur tarif sont tellement élevé et leur potentiel trop limité pour susciter un véritable enthousiasme. On notera quand même le Clos de Beauvenir 2007, excellent avec une persistance en bouche fabuleuse. Malheureusement  plusieurs expériences me font douter du vieillissement de cette cuvée, qui de toute façon est magnifique en l’état.

  • Château de Beaucastel, famille Perrin

Facile ! Les Beaucastels sont magnifique. En particulier le Château de Beaucastel Blanc 2010. Le rouge 2009 est bien mais complètement fermé. Le reste de la gamme (négoce + Coudoulet) n’a qu’un intérêt très limité et livre des vins formatés ou lisses et souvent réduits.

  • Château d’Or et de Gueules

Indiscutablement, un des domaines les plus intéressants du salon. Toute la gamme est intéressante. On retiendra cependant en particulier : La Syrah de Charlotte 2010, ronde, légère et poivrée. Fraîche et à la fois sucrée comme on l’attend dans le sud… Qu’es Aquo 2009, un 100% Carignan sublime et surtout La Bolida 2008, un mourvèdre au sommet. Il a absolument tout pour lui : puissance, arômes, structure, finesse, ouverture, tenue… un vin absolument exceptionnel ! Si vous ne connaissez pas ce domaine, c’est une priorité absolue en matière de dégustation et d’achat.

  • Domaine de la Mordorée

Retour dans les noms connus, Lirac cette fois (et appellations adjacentes). La gamme est très très consistante. Solide et irréprochable. les échantillons de 2010 sont extrêmement prometteurs. Le Lirac la Reine des Bois rouge 2009 est un must (fondu, très mûr et grande matière… à attendre). Le Châteauneuf-du-Pape La Reine des Bois 2010 est aussi magnifique. Enfin, La Dame Rousse 2011 en Tavel est un des ces trop rares rosés qui me convainquent de l’intérêt de cette vinification :). Très Syrah, très épicé, poivré mais en même temps floral et vineux, il est superbe.

  • Domaine Gourt de Mautens

Pas de commentaires en plus de celui fait précédemment. 2007 et 2008 en dégustation. 2007 est juste fabuleux, un vin antologique. 2008 est un poil en dessous, moins concentré surtout, il sera plus facile. Mais tant qu’à faire dans l’énorme, je reste sur 2007 !

  • Domaines les Gouberts

Longtemps resté sans déguster ce domaine, je dois dire que le style s’est policé. Les deux Gigondas sont nettement au dessus du lot. La Cuvée Florence 2005 est un grand moment, pure et intense, doté d’un très beau potentiel.

  • Marcel Richaud

Un autre magnifique domaine dans une catégorie de vin très abordable. Les commentaires sont simple, tout est bon à excellent, avec comme paroxysme, la cuvée l’Ebrescade 2009.

  • d’Autres rhodaniens

Clos du Mont-Olivet en particulier, bon rapport qualité prix mais rien d’exceptionnel au delà. Jaillance propose également des vins très bien placés et franchement joussifs.

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ESPAGNE

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Intéressante sélection espagnole. Je ne citerai que deux vins : Aalto et Ossian, aux origines communes (investissement).

  • Aalto

Deux vins : Aalto 2007 et Aalto PS 2006. Deux vins superbes. 2007 est d’une grande élégance (supérieure à 2006). Il semble que 2009 et 2010 soient les prochains musts. 2007 n’ayant pas permis la production de PS, le vin est réellement complet. Très beau. PS 2006 est la cuvée prestige. PS est toujours plus richement élevé que la cuvée standard, issue de la sélection des meilleurs lots. Jus énorme qui demandera du temps. Très supérieur à la cuvée « simple » du même millésime. Ces deux vins sont parmi les meilleurs du salon en rouge.

  • Ossian

Uniquement en blanc, une sorte de pendant de Aalto par ses origines. Quintaluna est le vin de soif, très exotique, gras et digeste. Ossian 2008 en Rueda, est un vin beaucoup plus ambitieux. Il demandera du temps mais c’est un vin de matière. Très bien.

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ITALIE

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Comme d’habitude, excellente sélection, quoiqu’indéniablement partiale du fait que la quasi totalité sont représentés par le même importateur.

  • Cos

Surprenant domaine de Sicile. Ces vins sont d’une fraîcheur remarquable. Equilibre incroyable. Le Nero d’Avola est particulièrement intéressant : Nero di Lupo 2009.

  • Felsina

Encore une gamme solide. Le Toscana Fontalloro 2008 est un très bon vin, doté d’une matière et d’un fruit superbe. Grand. Dans un style plus simple, le Chianti Classico Berandenga 2009 est excellent exemple du genre.

  • Fontodi

Le Flaccianello della Pieve 2008 est un tout petit peu moins puissant et extrême que 2007. Il aura besoin de temps.

  • Masciarelli

Les blancs pourraient être superbes mais sont ratés du fait d’un élevage trop appuyé. Les rouges sont très bons.

  • Montevetrano

Encore deux très jolis vins. 2008 comme 2009 sont hautement recommandables.

  • Renato Ratti

Les 2007 sont superbes, de même que 2009. On retiendra surtout le Barolo Marcenasco 2007, gourmand et souple.

  • Schiopetto

Très longue discussion avec cet excellent domaine du Frioul. Le Pinot Bianco 2009 est un des plus beaux du genre.

  • Sottimano

Une année encore, les vins sont grandioses. Le Barbera d’Alba Pairolero 2009 est un exemple du genre. Vin explosif doté d’une grande profondeur. Superbe pour le cépage. Les deux Barbaresco Cottà et Pajoré 2008 sont deux réussites. Ma préférence va au second, plus intellectuel : fumé, retenu. Cottà est sensiblement plus souple et fruité.

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C’est donc sur ces brèves notes italiennes que je terminerai ce billet. Bien qu’elles soient synthétique, il faut savoir que les vins italiens comme espagnols étaient globalement de très haut niveau. Une leçon pour tous les français présents sur le salon !

Sancerre Jadis 2002 by Domaine Henri Bourgeois (France, Sancerre)


Le Domaine Henri Bourgeois est l’un des plus importants du terroir de Chavignol. Village fameux du sancerrois dont sont issus parmi les meilleurs vins de l’appellation. C’est la terre des Cotat, Vatan, Boulay… La gamme de Henri Bourgeois est bien construite, étendue (jusqu’à la Nouvelle-Zélande avec le Clos Henri) et d’une qualité irréprochable. Ses entrées de gamme sont particulièrement soignées, d’ailleurs.

La cuvée qui nous occupe aujourd’hui fait partie des cuvées supérieurs du domaine et compte parmi les meilleurs et les plus réguliers sancerres. Elle est issue de parcelles plantées sur des marnes kimméridgiennes, étage géologique similaire à celui qui compose les sols de Chablis. D’aucuns y trouvent d’ailleurs l’explication d’une parenté souvent constatée entre les deux appellations. 2002 est un millésime de grande qualité, comme dans beaucoup de vignobles septentrionaux.

Jadis 2002 ne déroge pas. C’est un vin arrive à maturité, expressif, immense. Le nez est enivrant, riche, fruité. On y trouve les exotiques passion et mangue, la pêche, le miel et une fraîcheur saline. Il est intense et incroyablement profond. En bouche les sensations se prolongent et se développe. Très bel équilibre, le vin est puissant et généreux. Une très grande bouteille.

Ma note : 90/100 ; 5 0

Voici un vin excellent. Il entre dans sa période de maturité, complexe et puissant. Et cette puissance va appeler des plats solides comme le homard, les volailles, certains fromages affinés. Que de plaisir ! Ce vin est encore disponible au domaine.