Grand Tasting (Paris)

Grand Tasting 2012, Paris : une sélection des meilleurs domaines


Le Grand Tasting est sans aucun doute un événement des plus intéressant pour l’amateur et même le professionnel. C’est l’occasion de goûter la crème de la production française, et de goûter certains domaines qui ne se déplacent jamais. Certes la sélection a ses défauts, certes beaucoup de références sont absentes. Il n’en reste pas moins qu’il est rare de trouver une telle concentration de grands vins. Dans cet article, je vais partager ma propre sélection de domaines à ne par rater. Comme pour le billet sur les Vignerons Indépendants, je noterai les stands avec un nombre croissant de coeurs (♥) pour hiérarchiser mes préférences, étant donné leur nombre important. Il n’y a pratiquement pas de domaines à éviter sur ce salon donc prenez aussi le temps d’explorer la liste des exposants.

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ALSACE

Parent pauvre du Grand Tasting, en tout et pour tout 6 domaines, tous de bon niveau. Je retiendrais un nom en particulier :

– Domaine Marcel Deiss ♥♥♥♥♥ : Absolument incontournable. C’est l’un des meilleurs domaines du salon. Vins souvent exceptionnels, mettant en avant la complantation (mélange des cépages sur la même parcelle, vendange et vinification sans distinction de cépage). Le taux de sucre résiduel est cependant variable peuvent surprendre. La dégustation y est toujours menée de main de maître.

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BEAUJOLAIS

Sept exposants. On évitera soigneusement Duboeuf, le bourreau de cette région. Un domaine sort du lot.

– Domaine Piron ♥♥♥ : un beau domaine du Beaujolais qui travaille impeccablement. Une bonne occasion pour vous réconcilier avec cette région.

– Villa Ponciago ♥♥ : domaine repris par Henriot (avec Bouchard et Fèvre). Un gros travail y est réalisé. Les vins sont de plus en plus jolis.

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BORDELAIS

C’est le gros du contingent. 134 domaines, si je ne me suis pas trompé. Je ne vais que citer les noms. Les domaines de cette région ont la fâcheuse tendance à ne pas prendre au sérieux les amateurs (français). La plupart sont à cours de vin le samedi en milieu d’après-midi. Ils ne présentent que rarement les grands millésimes… l’an dernier nous était resservi les 2007 sur beaucoup de stands. Figeac était même une caricature car ils proposaient certes trois millésimes à la dégustation, mais les trois plus faibles de la dernière décennie (je me réfère à mes dégustations et une compilation de différentes lectures sur le sujet).

Château Belgrave (♥♥), Château Beychevelle (♥♥, semble se remettre de deux millésimes vraiment faibles, je parle de 2007 et 2008), Château Boyd-Cantenac (♥♥), Château Branaire-Ducru (♥♥♥♥♥), Château Brane-Cantenac (♥♥♥, l’excellente surprise de l’an dernier, même sur 2007), Château Brown (♥), Château Canon(♥♥♥, m’a quand même vraiment déçu l’an dernier), Château Cantemerle (♥♥), Château Carbonnieux (♥♥), Château Charmail (♥), Château Clauzet (♥♥♥), Château Cos d’Estournel (♥♥♥), Château Coutet (♥♥♥♥), Château d’Issan (♥♥♥♥), Château d’Agassac (♥♥), Château de Fieuzal (♥♥), Château de Rayne-Vigneau (♥), Château Faugères (♥♥), Château Figeac (♥♥♥♥), Château Fleur Cardinale (♥♥), Château Fonroque (♥♥♥), Château Giscours (♥♥♥♥), Château Grand-Corbin-Despagne (♥♥), Château Grand-Puy Ducasse (♥♥♥), Château La Dominique (♥♥), Château La Gaffelière (♥♥♥), Château La Lagune (♥♥♥♥), Château la Tour Blanche (♥♥♥), Château Lagrange (♥♥♥), Château Langoa-Barton (♥♥♥), Château Laroze (♥♥♥), Château Lascombes (♥♥♥), Château Les Carmes Haut-Brion (♥♥♥), Château Magdeleine (♥♥♥), Château Phélan Ségur (♥♥), Château Pibran (♥♥♥), Château Poujeaux (♥), Château Prieuré Lichine (♥♥♥), Château Rauzan-Ségla (♥♥♥♥), Château Rollan de By (♥), Château Seguin (♥), Château Siran (♥♥), Château Smith-Haut-Lafitte (♥♥♥), Château Sociando-Mallet (♥♥♥), Château Suduiraut (♥♥), Château Talbot (♥♥), Château Valandraud (♥♥♥♥♥), Clos Haut Peyraguet (♥), Domaine de Chevalier (♥♥♥♥♥), Domaine de l’A (♥♥♥♥), Domaines Pierre et Denis Dubourdieu (♥♥♥).

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BOURGOGNE

Beaucoup moins représentée, la Bourgogne vous offre quand même quelques beaux domaines à découvrir

– Bouchard Père et Fils (♥♥♥♥) : indiscutablement l’un des tous meilleurs négoces de la Côte de Beaune. Le niveau se renforce depuis le rachat par Henriot.

– Le Clos de Tart (♥♥♥♥♥) : domaine exceptionnel mais présent uniquement en Master Class d’habitude, depuis le malheureux précédent de la première édition.

– Domaine Chanson Père et Fils (♥♥♥) : très bon négoce, propriété de Bollinger diffusion.

– Domaine Chevalier Père et Fils (♥♥♥) : un domaine intéressant.

– Domaine de l’Arlot (♥♥♥♥) : encore un beau domaine, à ne pas rater.

– Domaine Henri et Gilles Buisson (♥♥♥♥) : ce domaine qui monte est aussi un des rares à offrir de vins à un prix raisonnable.

– Domaine Trapet Père et Fils (♥♥♥♥♥) : une des références de Gevrey-Chambertin. Ses vins font toutefois débat (notamment d’un point de vue pécuniaire). Une belle occasion de se faire une idée.

– Domaine Lucien Muzard et Fils (♥♥♥)

– Domaine Philippe Charlopin-Parizot (♥♥♥♥) : dans un style radicalement moderne, Philippe Charlopin reste un peu l’ovni de Gevrey-Chambertin. Il fait des vins très mûrs, très riches, très concentrés. Il divise, donc. Pour l’anecdote, il a pris le parti de favoriser sa diffusion en restauration et vend donc ses vins au domaine au même prix qu’un restaurant. L’avantage, c’est que vous avez tout intérêt à boire ses vins dans les établissements qui le diffusent !

– Frédéric Magnien (♥♥♥) : du négoce haut de gamme. Beaux vins.

– William Fèvre (♥♥♥♥♥) : le plus important propriétaire de Grand Crus de Chablis. Il fait partie du groupe Henriot.

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CHAMPAGNE

La Champagne est l’autre région sur représentée du Grand Tasting mais à la différence de Bordeaux, vous pourrez y goûter presque tous les grands, y compris les cuvées prestiges. C’est réellement une occasion unique. Un absent de marque cette année (sauf erreur du site, c’est Pol Roger).

– Agrapart et Fils (♥♥♥♥) : petit domaine indépendant. Une série de Champagne très intéressante avec des vins plutôt sur la minéralité.

– André Jacquart (♥♥♥) : à ne pas confondre avec la marque homonyme. Domaine indépendant qui propose un des meilleurs rapport qualité prix de la région.

– Bollinger (♥♥♥♥♥) : on ne présente plus la maison dont les vins ne goûtent pas toujours parfaitement sur le salon. L’an dernier la Grande Année 2002 et surtout la Grande Année Rosé 2004 étaient de très grands vins.

– Charles Heidsieck (♥♥♥♥♥) : pas nécessairement la maison la plus connue mais assurément une des meilleures. Son brut réserve est fantastique. Son rosé est un des meilleurs de la région (peut-être parce qu’il est pratiquement blanc). Sa cuvée prestige…

– Deutz (♥♥♥) : ne vaut le coup que pour Amour de Deutz et William Deutz.

– Drappier (♥♥♥♥) : beau domaine aux champagnes intriguants. Très intéressant, à ne pas rater.

– Duval-Leroy (♥♥♥) : correct.

– Françoise Bedel (♥♥♥♥) : Encore un beau domaine familial, tous les vins y sont superbes. Presque un 5 étoile.

– Gonet-Medeville (♥♥♥♥)

– Gosset (♥♥♥♥) : connu pour son packaging un peu étrange. Très très bon.

– H. Blin (♥♥♥♥)

– Henriot (♥♥♥) : maison plus simple mais fiable et très bien positionnée.

– Jacquesson (♥♥♥♥) : quite ou double. Cela fait deux ans que je suis déçu par leurs vins, y compris les nouvelles cuvées prestige… espérons pour cette année.

– Krug (♥♥♥♥♥) : uniquement en Master Class. Un des sommets absolus de la Champagne (de tous points de vue).

– Louis Roederer (♥♥♥♥) : à confirmer que Roederer sera présent en dehors des Master Class. Ne pas rater la légendaire cuvée Cristal… même si je ne la considère pas comme la meilleure de ce genre.

– Pierre Gimonnet et Fils (♥♥♥♥♥) : pour finir, un domaine indépendant. Très, très belle gamme.

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LANGUEDOC

Peu de domaines sont présents. En grande partie à cause du coût de ce salon. Toutefois quelques stands sont à retenir. Je signale aussi la présence du très controversé Mas de Daumas Gassac auquel j’ai pour ma part ôté ma confiance.

– CIVL (♥♥♥♥♥) : voilà un stand incontournable ! Le CIVL a sélectionné une série de domaines représentatifs de la région et propose une très efficace et très intelligente horizontale par appellation. Vous pourrez par exemple y goûter les Combariolles 2010 du Mas Cal Demoura. C’est dire le niveau des vins.

– Domaine de l’Hortus (♥♥♥) : un joli domaine qui sort des vins au profil facilement appréciable et de bonne tenue dans le temps.

– Domaine Gayda (♥♥♥) : style plus moderne, parfois un brin trop extrait. Ca reste du beau travail et, servi en contexte, les vins claqueront !

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PROVENCE

Très réduite mais très belle sélection en Provence, région sous estimée.

– Château de Bellet (♥♥♥♥♥) : il n’y a pas à dire… sur 2009/2010 ce domaine était au sommet de la production française. Et pourtant, quel vignoble étrange, quasiment planté dans la ville de Nice !

– Château de Pibarnon (♥♥♥♥♥) : encore plusieurs fois cette année j’ai été envoûté par leurs vins, notamment un 1998 et un 2001. Puissance, élégance et complexité. Incontournable.

– Domaine de la Bégude (♥♥♥) : très bon domaine de Bandol. Plus accessible que Pibarnon.

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ROUSSILLON

Là encore une sélection limitée mais hautement qualitative.

– Domaine de Vénus (♥♥♥) : beaucoup de vins intéressants, sur l’équilibre et la finesse. Un blanc d’exception L’Effrontée… belle découverte à faire.

– Domaine du Clos des Fées (♥♥♥♥(♥)) : si les 2010 sont au niveau des 2009, je passe 5 coeurs ;). Je n’ai jamais apprécié la cuvée icône La Petite Sibérie mais il faut reconnaître que les 2009 étaient d’une précision sans comparaison avec les millésimes que j’ai pu goûter avant. Le Clos des Fées ou encore Images Dérisoires étaient fantastiques. De surcroît, Hervé fait le show et vous propose généralement une verticale sur deux jours de La Petite Sibérie… on peut dire ce qu’on veut mais les Bordelais, avec des volumes pourtant incomparables, se gardent bien d’en faire autant.

– Domaine Modat (♥♥♥) : un dernier domaine intéressant du Roussillon.

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SUD-OUEST

Les représentants traditionnels de cette région ayant déserté, il n’en restera qu’un :

– Château de Chambert (♥♥♥) : repris par un « Geek » intelligent, qui a engagé M Dubourdieu comme oenologue-consultant, le château a fait un grand bon en avant. Et quel lieu magnifique !

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VALLEE DE LA LOIRE

Comme chaque année, beaucoup de domaines ont fait le déplacement. Vestige du prestige historique de la Loire à Paris ?

– Château Soucherie (♥♥♥) : très jolis vins, une des références de sa région.

– Domaine aux Moines (♥♥♥) : un des bons domaines de Savennières.

– Domaine De la Taille Aux Loups (♥♥♥) : Montlouis-sur-Loire, Jacky Blot est un vigneron attachant qui n’a pas la langue dans sa poche. Ses vins sont intéressants, particulièrement les rouges (domaine de la Butte).

– Domaine des Baumards (♥♥♥♥) : il faut reconnaître un mérite aux Baumards, c’est d’être au sommet de leur appellation depuis bien longtemps. Leur discours sur la capsule à vis (dont ils sont de fervents défenseurs) est pour le moins partisan, écoutez le d’une oreille critique.

– Domaine des Grandes Espérances (♥♥♥) : autre joli domaine de Montlouis. Mérite le détour.

– Domaine François Crochet (♥♥) : Sancerre. bon niveau et bons prix.

– Domaine Henri Bourgeois (♥♥♥♥) : ils produisent des vins sur l’ensemble de la vallée de la Loire, ainsi qu’en Nouvelle-Zélande. Le niveau est très bon. On recommandera en particulier de goûter La Bourgeoise, Jadis, d’Antan et le Clos Henri.

– Domaine Henir Pellé (♥♥♥) : domaine situé au sud de Sancerre, à Mentou-Salon. Les rouges comme les blancs sont exemplaires.

– Domaine Lucien Crochet (♥♥♥♥)

– Domaine Olga Raffault (♥♥♥)

– Domaine Saget (♥♥♥) : on parle souvent, dans le monde des amateurs, des petits domaines artisanaux. C’est oublier que de plus grands font aussi un travail remarquable. Les domaines Saget en sont un bon exemple. Une cuvée particulièrement, la Petite Perrrière fait la démonstration incontestable de leur savoir faire. On ne ratera pas par ailleurs la cuvée Mégalithe du Domaine de la Perrière et leur superbe Savennières du Château de La Mulonnière.

– Domaine Vacheron (♥♥♥♥♥) : sans aucun doute une des références de l’appellation Sancerre, particulièrement en rouge.

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VALLEE DU RHONE

– Château la Gardine (♥♥♥♥♥) : un des classiques de Châteauneuf du Pape. Son Blanc, Vieilles Vignes cuvée Marie-Léoncie est une référence de l’appellation. A ne pas rater !

– Domaine de la Mordorée (♥♥♥♥) : excellent domaine de Lirac, possède une excellente et rare cuvée de Châteauneuf. Tout y est excellent, rosé (Tavel) inclus, qui est un des meilleurs de France.

– Domaine Les Gouberts (♥♥♥♥) : domaine de Gigondas. Dégusté l’an dernier, les vins sont de très grande classe.

– Domaine Pierre Gaillard (♥♥♥♥)

– Domaine Richaud (♥♥♥♥♥) : Cairanne. Là encore une référence à ne pas rater.

– Château de Beaucastel (♥♥♥♥♥) : chez Beaucastel (Perrin), la seule chose qui vaille le coup, c’est Beaucastel. Les rouges comme les blancs sont incontournables. Par contre, le négoce est décevant.

– Jean-Luc Colombo (♥♥♥) : valeur sûre de Cornas, des vins souvent accessible dès leur jeunesse. Excellents rapport qualité prix de la cuvée la plus simple, Côte du Rhône les Abeilles.

– Les Cailloux-André Brunel (♥♥♥♥♥) : un dernier classique de Châteauneuf… dans un style extrêmement charpenté, qui demande beaucoup de patience.

Et bien il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter bonne visite. Durant le salon, vous pourrez me suivre sur Twitter… si j’ai le temps d’y passer 😉

Grand Tasting 2011 : La Totale ou presque ! (Provence, Loire, Rhône, Etranger)


Dernière ligne droite de ce commentaire sur le Grand Tasting 2011. On termine sur des régions que je n’ai malheureusement pas eu le temps de bien dégusté (Provence et Loire), hélas, le Grand Tasting est un peu court et mériterait de durer un ou deux jours de plus.

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PROVENCE

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  • Château de Bellet

Il y  a longtemps que je n’avais plus suivi ce domaine. L’occasion ne pouvait se laisser passer. Je retrouve un vin au niveau de mes premières expériences (positives, ces premières). Le Baron G rouge 2009 est absolument superbe ! Fruité et épicé avec une magnifique structure. Le Baron G blanc 2010 est bon mais me laisse un peu plus dubitatif car trop dominé, à mon avis, par le Viognier.

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LOIRE

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De même, j’ai dû passer vite sur la Loire. 2009 est un millésime difficile en sec, particulièrement dans le Centre. J’ai voulu en avoir le coeur net et ai donc dégusté Henri Bourgeois.

  • Henri Bourgeois

Le Millésime 2009 sort remarquablement bien ! On n’est certes pas sur la tension de 2008 ou 2010 (plus typiques) mais la matière et la maturité ont été très bien gérées. Au bout du compte, des vins de grande classe, qui seront sans doute ouvert plus tôt que les millésimes antérieurs. Jadis 2009 comme D’Antan 2009 sont tout à fait recommandables. Le domaine présentait également le Clos Henri en 2010 blanc (Sauvignon Blanc) et 2008 rouge (Pinot Noir), tous deux de haut niveau, le Sauvignon Blanc est superbe, bien supérieur à 2008, par exemple. De la belle ouvrage.

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RHÔNE

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La vallée du Rhône était bien représentées, au moins qualitativement. D’une manière générale les vins du grand négoce sont hélas décevants (Jaboulet, Chapoutier et Perrin) car manquant de personnalité et souvent beaucoup trop réduit. Côté millésime, en blanc, 2010 est magnifique, en rouge 2009 également très bien. J’ai goûté quelques 2007 assez austères mais très bien faits en blanc et très intense en rouge.

  • Château La Gardine

Ce domaine est un classique de Châteauneuf-du-Pape. En blanc comme en rouge, la gamme se compose d’une cuvée tradition et d’une « cuvée des génération ». Gaston Philippe en rouge, Marie-Léoncie en blanc. En général la cuvée Tradition est à privilégier en rouge : après quelques années, les différences avec la cuvée prestige s’affaiblissent. En blanc, par contre, Marie-Léoncie est incontournable : c’est un des meilleurs blancs de la région et il vieillit admirablement. En 2009 rouge Tradition et Gaston Philippe sont superbes. GP goûte un peu mieux, plus ouvert (c’est presque toujours le cas), à privilégier, donc, si vous êtes impatient. En blanc Marie-Léoncie, présentée en 2007, est encore très sur la retenue avec des dominantes issues de l’élevage. Ce sera un vin de longue garde. La Gardine propose aussi quelques cuvées exclusives : Peur Bleue (sans souffre) ou Immortelle (vendange entière, assemblage en cours de vinification…). L’Immortelle 2007 était proposée à la dégustation. Superbe vin à la fraîcheur imparable. Fruit magnifique, tannins superlatifs de qualité… Enfin le domaine offrait le Tradition 1983. Déjà décrit plus tôt, le vin était sans aucun doute le plus fabuleux du salon. Une finesse incroyable, une réelle magie.

  • Château La Nerthe

J’ai hésité à conserver ce domaine dans les notes de synthèse. Les vins présentés étaient tous de grande classe sauf le rouge 2008, très moyen, mais leur tarif sont tellement élevé et leur potentiel trop limité pour susciter un véritable enthousiasme. On notera quand même le Clos de Beauvenir 2007, excellent avec une persistance en bouche fabuleuse. Malheureusement  plusieurs expériences me font douter du vieillissement de cette cuvée, qui de toute façon est magnifique en l’état.

  • Château de Beaucastel, famille Perrin

Facile ! Les Beaucastels sont magnifique. En particulier le Château de Beaucastel Blanc 2010. Le rouge 2009 est bien mais complètement fermé. Le reste de la gamme (négoce + Coudoulet) n’a qu’un intérêt très limité et livre des vins formatés ou lisses et souvent réduits.

  • Château d’Or et de Gueules

Indiscutablement, un des domaines les plus intéressants du salon. Toute la gamme est intéressante. On retiendra cependant en particulier : La Syrah de Charlotte 2010, ronde, légère et poivrée. Fraîche et à la fois sucrée comme on l’attend dans le sud… Qu’es Aquo 2009, un 100% Carignan sublime et surtout La Bolida 2008, un mourvèdre au sommet. Il a absolument tout pour lui : puissance, arômes, structure, finesse, ouverture, tenue… un vin absolument exceptionnel ! Si vous ne connaissez pas ce domaine, c’est une priorité absolue en matière de dégustation et d’achat.

  • Domaine de la Mordorée

Retour dans les noms connus, Lirac cette fois (et appellations adjacentes). La gamme est très très consistante. Solide et irréprochable. les échantillons de 2010 sont extrêmement prometteurs. Le Lirac la Reine des Bois rouge 2009 est un must (fondu, très mûr et grande matière… à attendre). Le Châteauneuf-du-Pape La Reine des Bois 2010 est aussi magnifique. Enfin, La Dame Rousse 2011 en Tavel est un des ces trop rares rosés qui me convainquent de l’intérêt de cette vinification :). Très Syrah, très épicé, poivré mais en même temps floral et vineux, il est superbe.

  • Domaine Gourt de Mautens

Pas de commentaires en plus de celui fait précédemment. 2007 et 2008 en dégustation. 2007 est juste fabuleux, un vin antologique. 2008 est un poil en dessous, moins concentré surtout, il sera plus facile. Mais tant qu’à faire dans l’énorme, je reste sur 2007 !

  • Domaines les Gouberts

Longtemps resté sans déguster ce domaine, je dois dire que le style s’est policé. Les deux Gigondas sont nettement au dessus du lot. La Cuvée Florence 2005 est un grand moment, pure et intense, doté d’un très beau potentiel.

  • Marcel Richaud

Un autre magnifique domaine dans une catégorie de vin très abordable. Les commentaires sont simple, tout est bon à excellent, avec comme paroxysme, la cuvée l’Ebrescade 2009.

  • d’Autres rhodaniens

Clos du Mont-Olivet en particulier, bon rapport qualité prix mais rien d’exceptionnel au delà. Jaillance propose également des vins très bien placés et franchement joussifs.

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ESPAGNE

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Intéressante sélection espagnole. Je ne citerai que deux vins : Aalto et Ossian, aux origines communes (investissement).

  • Aalto

Deux vins : Aalto 2007 et Aalto PS 2006. Deux vins superbes. 2007 est d’une grande élégance (supérieure à 2006). Il semble que 2009 et 2010 soient les prochains musts. 2007 n’ayant pas permis la production de PS, le vin est réellement complet. Très beau. PS 2006 est la cuvée prestige. PS est toujours plus richement élevé que la cuvée standard, issue de la sélection des meilleurs lots. Jus énorme qui demandera du temps. Très supérieur à la cuvée « simple » du même millésime. Ces deux vins sont parmi les meilleurs du salon en rouge.

  • Ossian

Uniquement en blanc, une sorte de pendant de Aalto par ses origines. Quintaluna est le vin de soif, très exotique, gras et digeste. Ossian 2008 en Rueda, est un vin beaucoup plus ambitieux. Il demandera du temps mais c’est un vin de matière. Très bien.

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ITALIE

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Comme d’habitude, excellente sélection, quoiqu’indéniablement partiale du fait que la quasi totalité sont représentés par le même importateur.

  • Cos

Surprenant domaine de Sicile. Ces vins sont d’une fraîcheur remarquable. Equilibre incroyable. Le Nero d’Avola est particulièrement intéressant : Nero di Lupo 2009.

  • Felsina

Encore une gamme solide. Le Toscana Fontalloro 2008 est un très bon vin, doté d’une matière et d’un fruit superbe. Grand. Dans un style plus simple, le Chianti Classico Berandenga 2009 est excellent exemple du genre.

  • Fontodi

Le Flaccianello della Pieve 2008 est un tout petit peu moins puissant et extrême que 2007. Il aura besoin de temps.

  • Masciarelli

Les blancs pourraient être superbes mais sont ratés du fait d’un élevage trop appuyé. Les rouges sont très bons.

  • Montevetrano

Encore deux très jolis vins. 2008 comme 2009 sont hautement recommandables.

  • Renato Ratti

Les 2007 sont superbes, de même que 2009. On retiendra surtout le Barolo Marcenasco 2007, gourmand et souple.

  • Schiopetto

Très longue discussion avec cet excellent domaine du Frioul. Le Pinot Bianco 2009 est un des plus beaux du genre.

  • Sottimano

Une année encore, les vins sont grandioses. Le Barbera d’Alba Pairolero 2009 est un exemple du genre. Vin explosif doté d’une grande profondeur. Superbe pour le cépage. Les deux Barbaresco Cottà et Pajoré 2008 sont deux réussites. Ma préférence va au second, plus intellectuel : fumé, retenu. Cottà est sensiblement plus souple et fruité.

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C’est donc sur ces brèves notes italiennes que je terminerai ce billet. Bien qu’elles soient synthétique, il faut savoir que les vins italiens comme espagnols étaient globalement de très haut niveau. Une leçon pour tous les français présents sur le salon !

Grand Tasting 2011 : la Totale ou presque ! (Champagne, Languedoc-Roussillon)


Deuxième partie de ce compte-rendu avec la Champagne et le Sud.

Comme chaque année, voilà une constante, la Champagne est le grand pôle de mon attention dégustatrice. La raison principale en est la qualité des vins présentés ainsi que la rareté des occasions de trouver autant de grands vins rassemblés.

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CHAMPAGNE

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Je suis toujours un peu réservé sur la Champagne par rapport à ses tarifs particulièrement élevés. Il y a souvent un facteur frustration non négligeable mais si l’on décide de faire abstraction de l’aspect pécunaire, le Grand Tasting a réservé de belles bouteilles. La première chose que je ferai est de saluer la politique commerciale de maisons de Champagne, qui présente l’intégralité de leur gamme (ou presque pour Bollinger, qui n’ai pas sorti de RD) avec un service irréprochable, des personnes disponibles et souriantes… ce qui n’est pas le cas partout. Que le marché intérieur représente encore 50% de leurs ventes y est peut-être pour quelque chose. En tout cas, il semble logique que lorsque l’on fait un déplacement promotionnel de ce genre, on se donne les moyens de bien le faire. Je reprendrai à ce titre le contre-exemple d’Angélus, un stand indigent, absolument pas décoré, blanc-box d’hopital : une erreur de communication grossière.

Côté millésimes, j’ai pu goûter des 1995, 1999, 2000, 2002, 2003, 2004, 2005 et 2007. Globalement de bons millésimes avec un petit bémol sur 1999 qui ne tient pas vraiment la route comme il le devrait. 2002 est superbe mais c’est un millésime qui goûte encore très jeune, il ira loin.

  • Agrapart et Fils

Rien à dire, leur gamme est superbe et très consistante. Ces champagne sont plus ou moins minéral suivant le terroir : Terroirs étant peut-être plus conforme à ce que l’on attend d’un champagne (plus gras, plus rond, plus beurré). J’ai noté de manière quasi égale les trois millésimés : Minéral 2005, Avizoise 2005 et Vénus 2005, tous trois des champagnes encore très jeunes sont indiscutablement à attendre. Terroirs et Avizoise sont des champagnes plus ronds (sol les plus argileux) et Minéral et Vénus plus minéraux, plus droits. Pour ma part, j’ai trouvé Expérience 2007 encore nettement supérieur mais c’est un vin déroutant qui ne plaît pas de manière unanime. Objectivement c’est celui qui a la plus belle palette aromatique et la structure la plus solide. A goûter !

  • Ayala

Je ne retiendrai de cette maison que Perle Nature 2002 : un très grand millésimé. Beaucoup de pureté. L’intérêt majeur de ce stand est que Ayala proposait une dégustation extrêmement pédagogique en offrant trois champagnes (Brut Majeur, Rosé Majeur et Perle d’Ayala) dans leurs version dosées puis non dosées. Et il est indiscutable que le dosage nuit à la précision du vin, s’il est blanc. C’est beaucoup moins évident dans le cas du Rosé, qui en devient astringent.

  • Bollinger

Indéniablement la gamme la plus régulière et ébouriffante. On pourra reprocher au Spécial Cuvée un tarif un peu élevé par rapport à la concurrence (notamment Agrapart, qui propose aussi bien ou mieux pour moins cher). La Grande Année 2002 est par contre tout à fait au niveau des cuvées prestige d’ailleurs et elle est magnifique. Ample et acérée à la fois, comme taillée dans la roche. Elle aura besoin d’un peu de temps pour s’exprimer plus pleinement. La Grande Année 2004 Rosé est quant à elle un des meilleurs vins que j’ai dégusté. Cette bouteille permet de comprendre ce qu’est l’intensité ou la densité d’un vin par opposition à puissance. Le vin est infiniment aérien et en même temps immensément aromatique : une impression de dégustation unique. Réellement grandiose.

  • Charles Heidsieck

Il fait quasi jeu égal avec Bollinger. Un BSA magnifique, plus riche, plus gras, avec du fruit aussi. Très beau et avec une bonne finale. Il est un peu moins élégant que le Spécial Cuvée dans sa structure. Le Rosé BSA est à ne pas rater. Il ne goûte pas réellement comme un rosé, sa couleur est d’ailleurs très légère. On y retrouve un peu de fruit rouge et du pamplemousse mais c’est très « blanc » dans l’esprit. Encore un rosé qui me plaît alors que je ne comprends pas toujours l’intérêt (autre que marketing) de cette couleur ! Le Millésimé 2000 est aussi un très beau vin, riche et mûr. Blancs des Millénaires 1995 m’a en revanche laissé sur ma faim. Je soupçonne le fait de l’avoir carafé d’en être responsable : carafe implique perte d’effervescence accrue et cette dernière signifie une baisse de 40 à 50% du potentiel aromatique. Est-ce que l’ouverture apportée par l’oxygénation a compensé ? Pas dans ce cas, mais le champagne ne présentait toutefois aucune trace d’oxydation. Sans doute encore… trop jeune !

  • Drappier

Passage rapide sur le stand pour découvrir deux excellents Millésimé Exception 2004 et Grande Sendrée 2004. Et comme d’habitude, je passe sur Carte d’Or 1995, moyen (mais pas mauvais) et le Brut Rosé Nature quand même joli mais discutable.

  • Françoise Bedel

Ceci était une première car s’il y a longtemps que je veux goûter ses Champagne, je suis toujours passé à côté des occasions. Le style général est plutôt sur le gras et grillé mais avec une distinctive touche de miel. La cuvée entrée de gamme Origin’elle est peut-être une des plus solide que j’ai goûté. Superbe et toute en harmonie. Toutefois les deux vins les plus remarquables sont L’Âme de la Terre 2003 et Comme Autrefois. Toutes deux présentent des matières et des finales magnifiques. De très grands champagne.

  • Penet-Chardonnet

Je note une maison proposant des Champagnes caractérisés par un long séjour sur lie. Le résultat est excellent, notamment sur la Grande Réserve Brut Nature. J’ai trouvé ces champagnes à la fois floraux et évolués. A découvrir, assurément.

  • Pol Roger

Comme d’habitude, la gamme est homogène, crémeuse. Outre le très solide BSA Brut Réserve, Le Blanc de Blanc 2000 est superbe en ce moment avec un supplément de tout par rapport au « simple » Millésimé 2000.

  • Les autres

J’hésite à mentionner Jacquesson dont encore une fois les vins ne m’ont pas absolument convaincu. Le 735 est assurément très bon et supérieur au 734, mais les millésimés, en particulier leur nouvelle cuvée parcellaire m’a laissé de glace. A revoir, donc. Henriot était aussi très régulier sur ses BSA. En somme un bon cru sur les champagnes dont très peu m’ont réellement déçu (Winston Churchill 1999 de Pol Roger est l’un d’eux).

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LANGUEDOC

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Sans l’ombre d’un doute, c’est ici et dans son voisin le Roussillon que les meilleurs vins étaient présentés. C’est d’autant plus remarquable que sauf rares exceptions, ces vins sont restés accessibles malgré une dizaine d’année de leadership ignoré (;)) en matière d’innovation, de renouveau et de plaisir.

  • Terrasses du Larzac

Le stand du syndicat d’appellation était une innovation brillante, que j’ai décrite dans un précédent billet. Il a été décidé par ce syndicat (mis en avant dans l’avant-dernier B+D, si je ne me trompe pas) de venir au Grand Tasting collectivement et de présenter les 7 vins les mieux notés par B+D. Pas de jaloux donc et c’est malgré tout le moyen de mettre en avant ce qui se fait de mieux, ou presque. Au bout du compte, Mas Julien, Les Vignes Oubliées (avec Olivier Julien), Mas Cal Demoura, Domaine de Montcalmès, Mas des Brousses, Mas Conscience et Domaine du Pas de l’Escalette. Que du beau monde, pour un des stands les plus excitants du salon. Chaque vin était en effet extraordinaire, bien que certains ne se soit présentés sous un jour un peu fermé. Mas Julien 2008, entre doucement dans sa phase de fermeture. Il est un peu réduit mais fait montre de beaucoup de fraîcheur et de fruit. Les Vignes Oubliées 2010, naturellement encore un peu tendues et réduites sont un vin jouissif. Juteux, avec une sucrosité de toute beauté, c’est élégant et vraiment généreux. Mas Cal Demoura, Combariolles 2009, Vincent Goumard pense que c’est son plus grand vin produit et je dois avouer que je suis d’accord (2007 était déjà sublime… c’est dire le niveau). Actuellement dominé par la Syrah (poivre, épices), on y trouve aussi une pointe de cacao et beaucoup de fruit bien mûr. La texture en bouche est magnifique avec une conduite de la bouche parfaite. C’est également un peu fermé mais rien de plus logique pour ce vin, destiné à vieillir en cave plusieurs années. Domaine de Montcalmès 2009, second 2009 et la preuve que ce terroir a su donner des vins avec une bonne fraîcheur dans ce millésime pourtant historiquement chaud (2009 a été plus chaud que 2003 par exemple, tout au long du cycle mais sans la canicule extrême et les blocages qu’elle a pu entraîner). Très Rhône au nez, il se révèle très riche en bouche et extrêmement plaisant. Finale un peu en retrait. Pas de l’Escalette, les Clapas 2009, là encore un peu de réduction et de fermeture, surtout au nez. En bouche le vin est concentré et explosif. Mas Conscience l’As 2008, épicé, dense mais très fermé. Un grand à attendre. Mas des Brousses, Mataro 2008, ce vin est déjà monumental. Presque uniquement fait de Mourvèdre, il délivre au nez comme en bouche, puissance et complexité.

  • CIVL

La particularité du Languedoc donc cette année était d’être représenté collectivement, ce qui est une merveilleuse idée. Le CIVL présentait les vins par appellation, avec une sélection de 8 à 10 vins. Absolument incontournable pour comprendre les différences entre terroir. Je ne vais pas faire le détail des vins mais vous donnerai les noms qui m’ont marqué. En AOC Languedoc, très haut niveau, en particulier sur les terroirs isolés comme La Clape, Grès de Montpellier… Mas de Soleilla, Pech Redon (l’Epervier), Les Grandes Costes, Mas de Martin, Domaine de Aurelles et un très rigolo Domaine Henry (mais un peu exagéré sur la mûre;)).  Château Sainte-Eulalie en Minervois était très joli mais le seul que je retiendrai. Les Malpères étaient très décevants !

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ROUSSILLON

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Nous continuons dans la lancée du Languedoc. Là aussi une sélection hélas limitée.

  • Le Clos des Fées

Comme je le disais auparavant, il s’agit là du premier millésime qui me convainc. J’avais jusqu’à présent été dérouté par les élevages trop présents et les extractions un peu poussées. Toutefois, si les vins n’étaient pas de mon goût personnel, j’ai toujours trouvé ce domaine hautement qualitatif. Seule la cuvée phare me semble plus un (brillant) produit marketing qu’autre chose, car si elle ne me plaît pas du point de vue personnel, je ne lui vois pas non plus de qualités objectives qui lui permettrait d’être autre chose qu’un bon vin (par opposition au vin exceptionnel qu’elle devrait être). En tout cas, ces millésimes 2009/2010 sont incontournables. Le Vieilles Vignes rouge 2009 est déjà très concentrée et d’un équilibre impeccable mais le Clos des Fées 2009 est un ciel au dessus ! Il y a tout dans ce vin : la puissance, la concentration, la générosité, le fruit, la complexité, la longueur et surtout l’équilibre. Idéal ! Toujours en rouge, Images Dérisoires 2010 est plus qu’un simple exercice de style : il montre que les Espagnols ne savent pas toujours vinifier leur Tempranillo (trop souvent limité à de l’acidité et de la groseille en plus du bois excessif pour cacher l’absence de fonds). Affaire de rendements et de pratiques culturales ? Vous aurez compris que c’est magnifique. Le blanc Vieilles Vignes 2010 m’a semblé fermé. La bouche est belle et l’équilibre très bon. A voir dans l’avenir. Quant à la Petite Sibérie 2009 à l’heure actuelle ce vin est pétri de défauts (de toute façon, pour ce type de bombe, il faut du temps), trop extrait, trop d’alcool et finalement un longueur qui ne suit pas. Je dirais que c’est too much, poussé trop loin, trop extrême et finalement pas très bon mais tout le monde veut goûter ce vin… alors pari gagné :). Peu d’intérêt par rapport au Clos des Fées.

  • Domaine de Vénus

Les années passent et je trouve toujours ce domaine extrêmement intéressant, avec des vins très bien positionnés. La cuvée phare reste indéniablement L’Effrontée 2009, millésime qui lui sied à merveille. Aucun doute sur le fait qu’il s’agit de la meilleure Effrontée dégustée (2005 -> 2009). Le Maury Péché 2010 est également exceptionnel avec un magnifique abricot en bouche. Et pour ne rien gâcher, c’est un excellent rapport qualité prix dans ses Côtes du Roussillon !!

Grand Tasting 2011 : la Totale ou presque ! (Alsace, Bordeaux, Bourgogne)


Commençons donc cet article, que je tâcherai de rendre le plus lisible et accessible possible, par rappeler combien cette édition fut meilleure que l’an dernier. Au long de cet article, je reprendrai les meilleurs exposants, par région, et vous indiquerai quel style et quel niveau qualitatif vous pourrez espérer sur les millésimes actuels.

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ALSACE

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Il y avait relativement peu d’exposant en Alsace mais le niveau moyen était élevé. J’en retiendrai deux en particulier :

  • Agathe Bursin : 

Agathe est charmante et ses vins lui ressemble beaucoup. Les vins qui sont traités très naturellement, sans forcer les fermentations par exemple, présentent souvent des sucres résiduels. Un style donc rarement sec. Les acidités sont bonnes mais douces. LE vin que je retiendrai de ce salon est son Sylvaner Eminence 2010, qui est réellement extraordinaire. Le Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2010  est quant à lui un joli vin doté d’une bonne structure, il est beaucoup mieux équilibré que le 2009. La Vendange Tardive sur le Riesling du Zinnkoepflé 2009 est de bon niveau mais manque d’expression aromatique. La Sélection de Grain Noble Gewurztraminer Zinnkoepflé lui est supérieure par l’équilibre et les arômes. Je suis beaucoup plus dubitatif sur le Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé 2010 qui présent des faux goûts et un équilibre déplaisant, de même que l’As de B 2010 dont je n’ai pas du tout apprécié la dissociation et le milieu de palais complètement vide.

Agathe Bursin fait de très bons vins, notamment sur le Riesling et le Sylvaner, dans un style très soyeux. A noter aussi son excellent Pinot Noir, non présenté cette année. On retiendra un beau millésime 2010, sur lequel il n’y a pas de risque à parier. D’un point de vue purement personnel, je n’aime que peu ce type de vin. Si je reconnais au dessus les qualités du Riesling Grand Cru et de la SGN, ce sont malgré tout des vins qui me laissent indifférent. Par contre, le Sylvaner Eminence 2010 est une véritable merveille.

  • Marcel Deiss :
Voilà bien un domaine qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Leur organisation sur le salon est exemplaire quoiqu’un peu rigide :). Il ne faut pas s’aviser de vouloir juste jeter un oeil sur un vin en passant ! Très bonne présentation des vins qui sont souvent évidents… mais pas toujours. Dans mon cas, la magie Deiss opère une fois sur deux (une fois sur quatre cette fois-ci), mais ce n’est déjà pas mal. Les vins de ce domaine sont caractérisés par la pratique de la complantation, c’est-à-dire la culture et la récolte de parcelles comptant tous les cépages autorisés, mélangés. Le risque de ce type de vin, comme dans l’As de B mentionné plus tôt, c’est d’aboutir à des vins déséquilibrés où un cépage l’emporte ou déséquilibre le vin (ce qui est sans doute lié aux cépages en question, le Gewurztraminer étant difficile dans ces conditions). Chez Marcel Deiss, ça n’est jamais le cas. Les vins sont des exemples d’harmonie et d’équilibre. Cette année un vin était au dessus des autres : le Engelgarten 2008.  Sublime ! Il en dit que c’est le meilleur millésime jamais fait sur ce terroir et je veux bien le croire. C’est un vin d’équilibre, au toucher de bouche sec (mais il y a du residuel) et très pur. La trame aromatique est complexe et marie bien les différents composants avec un nez très intriguant de galet chaud. Incontournable ! L’autre grand mais trop refermé en ce moment, c’est bien entendu l’Altenberg de Bergheim 2007. Il est toutefois encore un grand pas derrière son aîné de 2005 (que je vois mal rattraper).
Marcel Deiss fait des vins excellents mais assez cher, qui donnent une autre vue sur l’Alsace, plus axée terroir et très originale. Ses vins ont sensiblement plus de corps qu’habituellement pour la région. Les structure sont solides, les vins gras et puissants où le sucre souvent « très » élevé est toujours bien intégré. Autant je n’aime pas les vins d’Agathe (pourtant eux aussi dans cette mouvance non sec), autant j’aime souvent beaucoup les vins de Deiss… avec le bémol du prix. A noter que son site internet est très bien fait : ici.
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BORDEAUX
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Le Grand Tasting est toujours pour moi l’occasion de fréquenter ces vins que je ne bois ou déguste que rarement. La sélection du GT, quoique frustrante par bien des aspects, permet de faire un tour assez complet de la région. Je dis frustrante pour plusieurs raison. D’abord, les très grands domaines sont présent uniquement en Master Class, à l’exception de deux ou trois chaque année (jamais les mêmes) Palmer, Cos d’Estournel l’an dernier, Pichon Longueville-Comtesse de Lalande et Angélus cette année. Certain font le déplacement systématiquement et on peut le saluer : Figeac et Domaine de Chevalier, par exemple. Ensuite, rares sont ceux qui présentent plusieurs millésimes. Souvent il s’agit du premier et du deuxième vin (ce dernier étant souvent d’un niveau vraiment faible, rien à voir avec les gammes qu’on peut trouver ailleurs, issues de différents terroir… dommage). Mais surtout, les millésimes sont rarement de bons millésimes. Cette année, de rares domaine dégusté présentaient 2009 : le Domaine de Chevalier et Château Valandraud. La plupart ont même ressorti 2007 ! Le millésime certes le moins cher en ce moment, mais raté à bien des endroits. Je vous parlais de Figeac, présentant 2003, 2004 et 2006 (belle initative) mais qui sont parmi les plus petits millésimes de la décennie (seul 2002 est pire). Pourquoi ne pas avoir présenté 2008 ou 2009, quand même plus d’actualité ? Je ne parle même pas d’Angélus, qui se moquait réellement du monde avec un 2007 immonde et un 2006 quelconque. De là à penser qu’il y a un mépris du Français incapable de s’offrir ce type de vin, il n’y a qu’un pas que je franchirai 🙂 C’est, je pense, une grossière erreur cependant que de ne pas entretenir le rêve autour de leurs vins. Tout le contraire de la stratégie des maison de Champagne, pourtant un pas si mauvais exemple ! Finalement, au contraire des autres régions, les vins sont souvent présentés par des commerciaux, ces derniers étant d’une franche mauvaise foi quand il décrivent leurs vins. Evidemment, il y a des exceptions remarquable comme Jean-Luc Thunevin. Mais à l’opposé, un stand dénommé « Pape Clément » sur lequel n’étaient présentés (certes très bien) que des seconds couteaux (certes très bon) et pas du tout Pape Clément est clairement malhonnête. Alors, que garderons-nous du GT pour Bordeaux ?
  • Domaine de Chevalier
Un des stands les plus intéressants du salon. Sur la table : Domaine de Chevalier rouge 2009 et 1999 ainsi que blanc 2009. Tous étaient magnifiques. Les deux 2009 présentaient particulièrement une structure et une définition impressionnantes, des futurs très grands. Le Rouge 2009, plus appréciable par le bouche (texture) que par le nez, fermé aromatiquement livrait en bouche un beau fruit et des tannins très gras sur une magnifique longueur… le Blanc 2009 m’a encore plus impressionné, ce qui est logique, avec un profil exotique, une grande subtilité et un gras tendu en bouche grandiose. La finale était parfaite, fraîche, parfumée et longue… ces vins valent leur prix ! Quant au Rouge 1999, sur un millésime rarement présenté comme le sommet du domaine, il était absolument fabuleux, largement supérieur au 2009 ce jour-là. Je l’ai déjà décrit un peu hier : tout est fondu, en place. C’est la plénitude.
  • Château Brane-Cantenac
Irrégulier dans les quatre vins présentés, je n’en retiendrai qu’un, le Brane-Cantenac 2006. Une merveille de texture avec beaucoup de fonds. Un vin construit, très très bien. Le reste était en dessous. Les 2007 sont quelconques et ne valent pas de s’y arrêter.
  • Château Valandraud
Là encore de beaux vins, bien que Valandraud 2009 soit nettement fermé. Quelle grand vin ! Puissant et aérien en même temps, une des grandes bouteilles du salon, certes pas donnée ;). Le Blanc Valandraud n°1 2009 n’était pas en reste quoique je lui trouvai un tout petit manque de fraîcheur. Je connaissais peu Valandraud et je vais m’y intéresser de près désormais.
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BOURGOGNE
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Un peu triste que la sélection Bourgogne. Les grands négoces sont là : Bouchard-Fèvre (non dégustés cette année), Bichot… La grande coopérative La Chablisienne également mais de trop rares indépendants. Seul le notable Trapet a fait le déplacement. Je ne dise pas que les vins n’étaient pas au niveau mais si les icônes d’une région ne sont pas présentes, l’impact n’est pas le même. Je n’ai pas axé cette année mes dégustations dans ce sens et n’aurai donc que peu de choses à vous dire.
  • Trapet Père et Fils
Un domaine, quoi qu’on dise de sa politique tarifaire ;), exceptionnel. M Trapet faisait déguster deux vins : le Gevrey-Chambertin 2008 ainsi que le Chambertin 2008. Le premier est superbe, très cerise noire, il a une bouche encore un peu « verte » qui demandera une poignée d’année pour se fondre. Quelle superbe intensité ! Quant au Chambertin, clairement au dessus pour des raisons de matière, il était difficile à déguster, surtout pour des palais jeunes (d’expérience). Pourtant, tout y est supérieur et malgré sa couleur translucide, il possède une énorme structure. Le nez est dense, très dense, bien que peu expressif (un peu comme la crypte d’une cathédrale qu’on observerait dans la pénombre). La bouche présente un grain très fin mais serré. C’est austère, c’est fidèle à son terroir et ce sera superbe. Les vins du domaine Trapet en Alsace présentés goûtaient mal mais par expérience, ce sont des vins qui vieillissent très bien.
  • Autres
Mentionnons aussi le domaine Seguin-Manuel, que je ne connaissais pas et qui présentait des vins très bien faits. Son Savigny-lès-Beaune Les Goudelettes 2009 est un superbe rapport qualité-prix. Un domaine que je tâcherai aussi de suivre. Albert Bichot proposait notamment la Moutonne 2009 en dégustation. Bonne « Moutonne », il manque de typicité du fait de son côté solaire. De même c’est un vin qui devrait quand même bien évolué sur quelques années… mais peut-être pas à encaver pour 20 ans ! Le Corton-Charlemagne 2008 Domaine du Pavillon lui était un brin supérieur.

Grand Tasting 2011 : the very best of (de ce que Wineops a dégusté)


En ce dimanche, petit exercice ludique pour continuer cette série de compte rendus.

Du point de vue des stands, assurément, celui qu’il ne fallait pas rater était « Les Terrasses du Larzac » où étaient présentés 7 vins de ce terroir, les 7 mieux notés par B+D. Ce n’est pas seulement la qualité des vins que je mets en avant ici, c’est aussi la démarche particulièrement pertinente et intelligente par rapport au salon. En l’occurrence, les vins proposés à la dégustation étaient : Mas Jullien rouge 2008, Domaine de Montcalmès rouge 2009, Cal Demoura Les Combariolles 2009, Domaine du Pas de l’Escalette Les Clapas 2009, Les Vignes Oubliées 2010, Mas Conscience l’AS 2008, Mas de Brousse Mataro 2008. Remarquable de tous points de vue, je reparlerai de ces vins prochainement.

Je vous livre aussi les cinqs vins que je garderai particulièrement en mémoire. Choix peut-être injuste et arbitraire… les oubliés seront consolés dans le prochain billet :

– Château la Gardine, Châteauneuf du Pape rouge 1983 (disponible au domaine en Jéroboam – soit un équivalent 4 bouteilles -, ± 75€ la bouteille) :

Indiscutablement le vin le plus émouvant et le plus merveilleux du Salon (à l’aune de ce que j’ai dégusté, il s’entend). Je salue au passage l’attitude de cette propriété qui est une des rares à avoir présenté un vin vraiment spécial (en dehors des millésimes en cours), de très grande classe. En dehors de celle-ci, le prochain vin mentionné est peut-être le seul autre exemple du salon. Il est bien rare de goûter un vin à ce niveau de plénitude. Des défauts, peut-être, mais une personnalité extraordinaire. Un instant magique… Emotion. En cinq mots : le vin, c’est ça !

– Domaine de Chevalier, rouge 1999 (disponible auprès du négoce, ± 50€) :

L’autre grand a avoir eu la générosité d’offrir un vin mature et grand, au bout du compte. Tout y est harmonie, avec un brin plus de sérieux que la Gardine. Une magnifique bouteille qui a étouffé le pourtant sublime 2009 : trop jeune (donc fermé) mais doté d’une matière parfaite. Je remarque au passage que les trois vins du domaines étaient de qualité exceptionnelle !

– Château d’Or et de Gueules, La Bolida 2008 (disponible domaine, ± 25€) :

Une idée du vin du sud. Une idée géniale : énorme mais accessible en jeunesse. C’est la puissance incroyable et une finesse superlative. Le vigneron de ce domaine est une femme et ça se sent dans le style du vin.

– Gourt de Mautens, Rasteau 2007 (disponible au domaine, ± 40€) :

Déjà remarqué l’an dernier. On trouve ici une concentration et une puissance rare. La longueur est superbe. Du très grand vin.

– Clos des Fées, Clos des Fées 2009 (disponible au domaine, ± 50€) :

Je n’ai jamais accroché le style des vins du Clos des Fées et je n’apprécie pas particulièrement le personnage Hervé Bizeuil (mais je lis volontiers son blog). Il apporte par contre, à mon avis, quelque chose de positif dans une région, par sa capacité à se mettre en lumière, à se mettre en scène. Son Clos 2009 est tellement réussi qu’il me fait complètement oublier son prix. Là encore c’est très très grand.

Le caractère commun de ces vins est leur grande accessibilité dès maintenant. Certes La Gardine et Domaine de Chevalier étaient vraiment à maturité, mais dans le style évidemment plus explosif et démonstratif de la jeunesse, les trois autres étaient aussi délicieux. Vous remarquerez que les cinq que je plébiscite sont tous des rouges. Il y a un effet salon, pour sûr, à savoir que les vins rouges supportent mieux le traitement et que les vins puissants s’en sortent aussi mieux. Mais ce n’est pas que cela. Les deux premiers par exemple sont des modèles de délicatesse. Une raison est la faible représentation blanche. En effet, le Bordelais, l’Italie et le Languedoc-Roussillon étant sur représentés (ou a contrario, l’Alsace, la Loire et la Bourgogne sous-représentées, l’Allemagne pas du tout), il s’ensuit que la probabilité de croiser un grand blanc est plus faible qu’un grand rouge. Ces vins-ci, s’imposaient avec évidence. Je vais revenir bientôt de manière plus exhaustive sur les différents domaines recommandable.

Grand Tasting 2011, quelques remarques générales.


Il est grand temps de revenir à froid sur cet événement dégustation qui permet de faire un tour d’horizon des millésimes actuellement disponibles.

D’abord, il ressort que le cru est meilleur que l’an dernier. Globalement la qualité était un cran au dessus. A cela plusieurs raisons. Les millésimes proposés à la dégustation étaient souvent 2009 pour les rouges et 2010 pour les blancs. L’an dernier, le plus souvent, il s’agissait de 2008 et 2009, 2009 étant particulièrement moyen voire mauvais dans les blancs. Une autre raison est mon échantillonnage : cette année, je n’ai pas dégusté des domaines comme Brocard ou Jaboulet et peu de Bordeaux, dont les vins étaient particulièrement insignifiants l’an dernier. Ceci posé, il n’en reste pas moins que sur les domaines dégustés les deux années, Agathe Bursin, Pol Roger, Jacquesson, Bollinger, sélection italienne, Domaine de Chevalier, la Monardière… cette année reste au dessus.

Au sujet de ce salon, on déplorera toujours l’absence de chaises ou d’endroit pour s’asseoir, les stands de restauration et leur zone de non dégustation possible du fait des odeurs et une sélection très orientée bordeaux et champagne, les premiers ayant la fâcheuse habitude de ne pas présenter de millésimes très intéressants. On regrettera en particulier la très faible représentation de l’Alsace ou celle, limitée, de la vallée du Rhône et surtout de la Bourgogne. Ceci posé, plusieurs améliorations du point de vue de la sélection doivent être mentionnées, comme les stands interprofessionnels beaucoup plus fournis que l’an dernier, qui offrent un vrai intérêt découverte (avec un vin par domaine et une dizaine de domaines présentés par AOC). De même les espaces sont beaucoup mieux gérés qu’au départ, permettant ainsi une meilleure circulation dans les allées.

Et maintenant, sur le fonds.

Les millésimes blancs : 2010 est vraiment un très beau millésime de blanc, ce de manière générale du nord au sud. Le Châteauneuf du Pape blanc 2010 du Château de Beaucastel est ainsi un très bel exemple de ces réussites. L’achat peut pratiquement se faire à l’aveugle si vous connaissez les producteurs. 2009 se confirme pour les rares présentés comme un millésime à ne rentrer que de manière très sélective tant les équilibres sont patauds. Certains vins bénéficieront d’un long vieillissement, mais cela ne concernera que ceux qui supporteront une garde de 10 ans. Sur le salon, on pouvait remarquer le blanc 2009 du Domaine de Chevalier, très beau, ou encore les 2009 de Henri Bourgeois, ce qui prouve qu’il y a des exceptions. 2008 n’était pratiquement pas présenté mais les rares flacons étaient de très grande classe, Engelgarten 2008 du Domaine Deiss était absolument magnifique. Le plus beau vin du domaine sur le salon. 2007 finalement se trouvait au compte-goutte. Indéniablement plus austère et froid que 2008, je parie quand même que beaucoup de ces vins se révèleront dans le temps. On retiendra le très beau Cuvée des Générations Marie-Léoncie 2007 du Château La Gardine. Il est encore sur la réserve et marqué par l’élevage mais il devrait se révéler superbe dans 5 à 10 ans. Encore une fois, les remarques générales sur les millésimes n’ont pas valeur universelles car par exemple les vins d’Alsace du domaine Trapet, présentés en 2008, qui est superbe dans cette région, étaient des vins durs et complètement fermés.

Les millésimes rouges : 2009 était rare en Bordeaux (pas encore totalement libérés) mais sur les autres régions, les résultats sont plutôt plaisants. J’aurais tendance à trouver des vins très réussis en Vallée du Rhône. Un poil moins en Loire où on a quand même droit à des vins très accessibles. Dans le Languedoc et le Roussillon en particulier, c’est très très beau, avec en particulier un Clos des Fées 2009 d’anthologie. La Bourgogne n’est pas en reste dans les domaines où l’on peut les goûter, quoique ce ne soient pas les vins exceptionnels qu’on nous a vanté. 2008 était bien présent. Beaucoup plus variable selon la géographie. Le Nord livre des vins intéressants mais peu concentrés. Le Rhône Nord est moyen. Le Rhône Sud et le Sud en général ont sortis des vins magnifiques. Bordeaux offre un millésime souple et bien fait, pas de grande garde mais très plaisant. 2007 confirme une plus grande disparité. Il est très moyen en Loire et Bourgogne, très dense et bon en Rhône, grandiose en Languedoc, superbe en Roussillon et Sud-Ouest et finalement largement raté à Bordeaux. Ainsi vous remarquerez que la région qui s’en sort avec le plus de consistance est le Languedoc. Singulièrement si vous goûtez les vins du Mas Cal Demoura sur 2007, 2008, 2009, vous les trouverez respectivement excellent, très bon, excellent, peu de domaine ailleurs peuvent se vanter d’un tel résultat.

N’ayant dégusté que peu de liquoreux, je ne livrerai pas d’impressions sur ces derniers.

Les prochains post sur ce salon auront trait spécifiquement aux vins que je retiendrai à la suite de la visite.

Grand Tasting 2010 : Alsace


Après les deux préambules d’hier et avant-hier, je me lance maintenant dans un compte rendu de l’ensemble du salon, l’ensemble des vins intéressants et moins intéressants que j’ai pu y goûter.

Côté synthèse, je dirais que le Grand Tasting est un salon qui commence à bien marcher. L’espace est enfin suffisant, les verres sont bons, les rince-verres pratiques… que manque-t-il ? Un carnet de dégustation mieux organisé (c’est bien, l’ordre alphabétique, par exemple, le VRAI ordre alphabétique), avec un rappel de la page à côté du numéro de stand. Disperser les vignerons sans logique est par ailleurs certes positif pour que les visiteurs ne se limitent pas à des thématiques mais je m’interroge sur la réelle pertinence de la chose : on passe son temps à marcher, chercher… corrélativement, je pense qu’il ne serait pas du luxe de disposer quelques chaises le long des murs car l’absence totale d’endroits pour s’asseoir est très fatigant quand on passe sa journée à piétiner d’un stand à l’autre. Finalement, la prise-dépose des verres est un peu pénible. En somme, le salon est presque irréprochable.

Passons aux dégustations. Je procéderai par ordre de région. Alsace pour commencer.

L’Alsace était plutôt peu représentée. Sept producteurs dont deux coopératives (de bonne niveau). Cependant, la qualité était élevée. Je retiendrai trois producteurs, dans trois styles très différents. Marcel Deiss, Agathe Bursin et Mélanie Pfister.

Bien qu’il était difficile de s’approcher (à part le matin), du stand de Marcel Deiss, il organisait une présentation rodée et pédagogique de cinq de ses vins. Extrêmement instructif et efficace. Les vins par ailleurs étaient superbes, très alsaciens sans être typés par les cépages. La démarche de M Deiss, que je vous invite à découvrir sur son site internet, consiste à travailler l’expression des terroirs sur la base de la complantation (et non du cépage). En outre, il cherche à identifier les 1er Crus, confirmer les Grands Crus et à rendre plus rigoureuse la réalisation des vendanges tardives en définissant par exemple des terroirs apte à produire ce type de vin plutôt que de réaliser une sélection finalement sans personnalité sur l’ensemble du vignoble. Quid des vins ? Ils sont puissants, fins et complexes, assurément au sommet de ce que l’on peut trouver en France. Ils sont destinés à la garde (à l’exception des entrées de gamme) et il leur faudra au minimum cinq à dix ans pour bien s’exprimer. Style de vin comportant du sucre résiduel mais extrêmement bien intégré. Le Grand Cru Altenberg de Bergheim 2005 chiffre ainsi à 100g/l de sucres résiduels mais n’en goûtait que 25-30, jamais je n’aurais pensé qu’il avait déjà 5 ans… (Notes des vins : 85+ à 90+/100 ; Mention du domaine : Exceptionnel ; Prix indicatifs : 20-60€).

Agathe Bursin joue dans un tout autre registre. Elle propose des vins beaucoup plus souple, faciles et immédiats. A mes yeux, les arômes et la pureté du fruit sont couverts par des sucres résiduels (pourtant moins important que chez Deiss) trop présents et dont je ne pense pas qu’ils s’intégreront. Je qualifierais ses vins de charmants. Ils plairont car immédiatement aromatiques. La VT (Vendange Tardive) m’a paru sans intérêt. Le Pinot Noir 2008 est en revanche merveilleux, un exemple ! (Notes des vins : 70-85/100 ; Mention du domaine : très bon ; Prix indicatifs : 8-30€).

Finalement, je voulais vous parler de Mélanie Pfister. Si je ne me trompe pas, elle est à la tête du domaine Pfister depuis 2006. Je dirais qu’elle représente le futur de l’Alsace. J’ai réellement adoré ses vins. Ils sont superbes, riches mais secs, avec de belles acidités. Les millésimes 2007 et 2008 sont superbes avec une préférence pour 2007. C’est assurément un domaine à suivre, je vous tiendrai au courant de l’évolution de ces très belles bouteilles, destinées il me semble à un avenir radieux et à une apogée dans les 10 prochaines années. Par rapport à Marcel Deiss, Mélanie travaille des cépages et vinifie, donc, sans sucres résiduels avec une bonne expression des terroirs. Mention spéciale pour ses grands crus Engelberg ! (Notes des vins : 75-90/100 ; Mention du domaine : Excellent ; Prix indicatifs : 8-30€).

Trois domaines et trois styles très identifiables, tous recommandables. Grands vins complexes, de terroir et à conserver pour Marcel Deiss ; des vins souples et charmeurs pour Agathe Bursin ; et des Rieslings (et Gewurztraminer) purs pour Mélanie Pfister. Peu d’Alsaciens mais belle présentation !

Mon ordre personnel de préférence ? 1- Pfister, 2- Deiss et 3- Bursin. Je place Pfister car je trouve ses vins plus accessible (d’un point de vue pécuniaire) que ceux de Deiss et je préfère parier sur un futur grand domaine que d’en rester à une valeur confirmée du vignoble français, en puissance pure et en complexité, (à confirmer à l’aveugle) Deiss garde quand même une grosse longueur d’avance. Bursin en dernier car je n’ai pas trop accroché l’équilibre des vins.

Grand Tasting 2010 : les grandes incompréhensions


Sur un salon, il est toujours important de prendre en compte que l’on déguste forcément plus mal qu’ailleurs : même verre pour tous les vins (même si on peut facilement le laver, ce que je fais immanquablement un stand sur deux ou trois), ouverture des vins aléatoire, température pas toujours idéale, bousculade, concentration difficile… A fortiori quand les impressions sont mauvaises, il faut toujours regoûter à tête reposée. Cependant, cela n’interdit pas de s’interroger voire même de constituer des doutes sérieux sur un vin, d’abord parce qu’on peut le goûter plusieurs fois sur le salon et ensuite parce qu’on peut avoir l’habitude de ces événements.

Prenons donc les choses par le menu.

Cas numéro 1, les vins fermés :

Jacky Blot et les vins de la Taille aux Loups (Montlouis sur Loire) : Je note car c’était flagrant, la gamme 2009 blanc n’avait rien à dire sinon une belle acidité. La mise en bouteille datait d’un mois et ceci explique cela. Je pense que les vins sont plutôt réussis mais il faudra regoûter dans quelques mois. Ma question, à quoi cela sert-il de présenter ce type de vin à un public souvent non initié ?

Dans une certaine mesure William Fèvre présentait aussi des vins fermés, en particulier les Preuses 2007, mais ils étaient quand même un peu plus accessibles.

Paul Jaboulet Aîné les Crozes-Hermitages étaient très fermentaires et chimiques, les Hermitages très fermés… ou très… pas au niveau.

Cas numéro 2, les paradoxes :

Le Clos des Fées, ces vins m’ont vraiment interrogés. Plus je dégustais et plus j’aimais tout en aimant de moins en moins. Comme une lassitude envahissait mon palais ou le sentiment d’un vin qui me ment… j’ai beaucoup de mal à me prononcer. Est-ce que ce sont des vins juste très extraits et très élevés ou des futurs grands encore rustres ? J’aurais vraiment aimé pouvoir goûter une Vieille Vigne ou un Clos dans un millésime plus ancien, plutôt que la Petite Sibérie, qui pour moi est à un exercice de style mâtiné d’outil marketing (réussi de ce point de vue), que j’ai beaucoup de mal à apprécier. Attention, je n’ai pas dit que c’était mauvais, mais je trouve que ça cherche à en mettre plein la vue (le palais) sans réellement avoir la subtilité nécessaire au bout du verre. En revanche, je tiens à saluer la générosité, le grand dévouement et tout simplement la gentillesse de M Bizeuil, qui nous a fait déguster de nombreux millésimes de la Petite Sibérie. C’est un geste, en plus d’être coûteux, extrêmement risqué. Les Bordelais pourraient s’en inspirer, eux qui nous présentent souvent des vins moyens, sur des millésimes récents, et qu’il faudrait croire sur parole quand ils mettent leurs défauts sur le compte de la jeunesse, systématiquement.

Luciano Sandrone, là encore étrange impression mais pas dans le même sens. J’oscille entre des vins que je n’ai pas compris, des vins fermés et un style qui ne me convient pas. Vu ce que j’ai déjà goûté chez lui, j’hésite à le mettre dans la catégorie précédente ou suivante. Je le laisse donc entre deux eaux. Assurément, c’est très cher.

Cas numéro 3, les pas au niveau :

Paul Jaboulet Aîné, fermés ou pas, les Hermitage ne sont pas au niveau de leur terroir. Il y a un manque de jus, de structure. J’ai énormément de mal à me projeter dans un futur radieux pour La Chapelle 2007 par exemple.

Chapoutier, oui, c’est mieux mais de même, pour des Hermitage, le résultat est bien simple et les tarifs sont juste indécents.

Renato Ratti, du Barolo, ça ? Fûts trop vieux, vin trop longtemps en barrique. J’ai de même un doute sérieux sur la capacité du jus à s’en remettre. Les arômes tertiaires sont déjà là, de même qu’un boisé très sec.

Cos d’Estournel, en soi, pas mauvais. Quoi ? « PAS MAUVAIS »… pour un vin au sommet de son appellation et à un prix non moins au somment, nous pouvons attendre plus. Alors on me dira que 2007 n’est pas un grand millésime… certes, mais dans ce cas, on aligne quand même le prix et on ne présente pas ça. Sinon, il faut admettre qu’on vend un produit spéculatif mais pas du vin.

Guiraud, problème de bouteille ? Je n’ai jamais goûté un Guiraud aussi fadasse. C’était le 1998, certes pas le millésime du siècle en Sauternes.

Cas numéro 4, les médiocres (défectueux, déviations fortes, mauvais équilibre…) :

La Roche aux Moines (Savennières) : Quand je suis passé, les vins étaient affreux, littéralement infects. Pour moi, ça n’était pas une question de fermeture ou de température. Je regoûterai car j’ai eu suffisamment de bons retours sur ce domaine que je découvrais pour ne pas les enterrer là-dessus.

Kirwan excite les débats, certains arguant qu’il n’a pas le niveau, d’autres vantant le retour en grâce du domaine. Soyons clairs, le second vin est sans intérêt et 2007 est médiocre. C’est le plus mauvais Bordeaux que j’ai goûté sur le salon (donc on dira que ça le place dans les moyens, vu la qualité de la sélection). 2008 est au mieux quelconque. A mes yeux ce sont des vins de seconde zone, pas très en phase avec leur terroir d’ailleurs. Mais je reconnais aussi que comparant l’ensemble des vins (2000, 2006, 2007, 2008), une évolution est en cours au domaine. Gageons que 2009 soit en effet plus intéressant.

Clos Haut Peyraguet, voilà qui confirme mes précédentes dégustations : un vin décharné, sans matière et qui n’a donc rien à dire. Après Climens, la comparaison a été sévère.

Mas Amiel : suite à un récent débat où j’ai trouvé la défense un peu trop agressive pour être honnête, j’ai voulu rejuger sur pièce. Le style est vraiment sur le sucre et les vintage font preuve d’un sérieux manque de profondeur. 2007 comme 2008 sont plutôt simpliste et flatteurs. Ces vins pourront plaire mais il ne sont pas du tout au niveau de l’appellation ni de leur tarif. Franchement, où est l’intérêt de faire un haut de gamme sans personnalité ? Passe encore pour le Vintage mais la cuvée Charles Dupuy, je ne comprends pas. Pour ce domaine, il est clair qu’une autre dégustation s’impose et de préférence à l’aveugle car il est pour moi, à moins d’un changement drastique, quasi enterré.

C’était donc la seconde partie de ce compte rendu sur le Grand Tasting 2010. Je pense qu’avec ça, nous avons fait le tour de la question sur les vins discutables. Pour bientôt, les autres, les bons et les très bons ! Je vous préviens d’avance que vous ne retrouverez pas tout ce que j’ai dégusté et vous conseille donc de ne pas hésiter à m’interroger si certains vins vous intéressent ou si vous souhaiteriez que je précise mes analyses (parfois brutales!).

Grand Tasting 2010 : les très grandes émotions


Un salon sur deux jours signifie plusieurs centaines de vins pour une soixantaine de domaines. C’est un exercice difficile autant physiquement qu’intellectuellement, même quand le salon en question ne propose pratiquement que des vins d’une qualité supérieure.

Et pourtant ! au milieu de cette foule de bons et grands vins, certains parviennent à faire la différence, à donner ce petit plus qui apporte cette émotion toute particulière, unique, qu’on touche parfois au cours d’une dégustation. Pour notre premier billet sur ce salon, nous allons vous livrer cette liste. Il se trouve qu’il n’y en a que quatre, de styles très différents et tous de 2007.

1- Sottimano, Barbaresco Pajoré 2007, Barbaresco DOCG

Un vin en finesse, en pureté et en structure. Il était présenté aux côtés de Cotta, un barbaresco plus sur le fruit compoté, plus accessible. Ce qui m’a plu dans Pajoré, c’est au contraire, cette justesse d’arôme et un équilibre supérieur du fait d’une concentration moins sensible. Un très grand vin dans un remarquable millésime 2007 (semble-t-il) en Piémont.

2- Gourt de Mautens, Rasteau 2007, Rasteau AOC

Le seul français du palmarès, mais quel français ! Ce domaine a entre autre particularité de vouloir livrer des vins déjà mûrs et appréciables à leur commercialisation. 2006 est encore à la vente et 2007 commence sa carrière. Même si 2006 est beaucoup plus fait que 2007, j’ai préféré ce dernière qui me semble avoir encore plus de fraîcheur. Ces vins sont solides, puissants et charnus, d’un style surprenant. La bouche est massive tout en restant fraîche, avec énormément de fruit et surtout une puissance croissante. L’attaque nette est suivie par une explosion aromatique en milieu et fin de palais. On retrouve de surcroît des épices, de l’olive noire… et de la concentration. Un vin remarquable fait avec, on l’aura deviné dans le verre, des rendements pour le moins réduits, de 10-12 hl/ha. (Désolé, pas de photographie pour ce vin dont je n’ai trouvé aucun exemplaire fiable).

3- Fontodi, Flaccianello della Pieve 2007, Colli Toscana Centrale IGT

Retour en Italie pour une toute autre chanson. J’ai abordé ce vin avec un peu de circonspection, sachant combien il a été encensé par un ancien du Wine Spectator, Mr Suckling, d’autant plus qu’il a été décrit comme un « blockbuster »… C’est un vin d’une densité impressionnante, la concentration est poussée à son extrême mais avec une fraîcheur remarquable et une qualité de tannins (très présents) superbe. Le boisé est présent mais pas du tout dominant car la qualité de ce Sangiovese le supporte complètement. Il est complexe, structuré et équilibré : il évite tous les pièges de la maturité poussée, de l’extraction et de l’élevage. Vraiment un vin réalisé de main de maître, certes atypique pour la région, mais qui est indéniablement parmi les plus grands vins que j’ai pu goûter cette année.

4- Mario Lucchetti, Mariasole 2007, Lacrima di Morro d’Alba DOC

Pour moi, ces vins sont LE choc du salon. Autant son Mariasole que je sélectionne ici que son Guardengo, dans un style peut-être plus facile. Ces vins sont réalisés avec le cépage Lacrima dans la région des Marches. La surprise vient des arômes très peu communs avec entre autre la rose, la violette, le litchi et la cerise. On a un peu l’impression de goûter un Gewurztraminer rouge ! Mariasole est par ailleurs réalisé en employant la technique de l’appassimento (une partie du raisin est séché avant vinification). Il en résulte un vin plus complexe, toujours bien équilibré, mais beaucoup plus dense et plus retenu. Reste à savoir si la curiosité fonctionnera toujours quand j’aurai goûté dix millésimes.